Charles Darwin, fondateur de la psychologie moderne

Eminent psychiatre américain, Allen Frances démontre que la théorie de l’évolution de Charles Darwin ne se limitait pas aux aspects purement physiques. Au-delà de la sélection naturelle, il y a la sélection sexuelle, qui se réfère à des critères subjectifs, et dont l’observation est à l’origine de la psychologie moderne











La plupart des gens ne considèrent pas Charles Darwin comme un psychologue. Pourtant son travail a révolutionné ce domaine. Avant Darwin, la spéculation philosophique façonnait notre compréhension psychologique. Mais même les grands ­philosophes (Platon, Aristote, Hobbes, Hume, Locke, Kant, Schopenhauer, Nietzsche, entre autres) ne pouvaient décrire les événements et les comportements mentaux courants, ni ne pouvaient en expliquer les causes.

Darwin a fourni l’intuition profonde selon laquelle l’évolution aurait influencé la forme de notre esprit aussi fortement que la forme de notre corps. Depuis que les humains ont évolué à partir du même ancêtre primate que les chimpanzés ou les gorilles actuels, il a suggéré qu’on pourrait en apprendre davantage en comparant les instincts, les émotions et les comportements humains avec ceux des animaux chez qui l’on peut présumer une forme de spéculation subjective. Selon ses propres termes, «celui qui comprendra le babouin fera plus pour la métaphysique que Locke».

La philosophie ne suffit pas pour comprendre les racines de la psychologie humaine, parce que l’introspection ne nous rend pas conscients des forces qui animent la plupart de nos réactions à l’environnement. Au contraire, nous sommes soumis à des tendances innées, qui se développent à travers les forces à l’influence réciproque des sélections naturelle et sexuelle.

La sélection naturelle est le processus par lequel les variantes d’une même espèce qui sont les mieux adaptées à la survie dans leur environnement remportent le concours de la reproduction, du moins jusqu’à ce qu’une variante encore mieux adaptée apparaisse. Les traits ou caractéristiques qui permettent à des personnes de s’alimenter et de se protéger augmentent la probabilité qu’elles vivent assez longtemps pour avoir une progéniture, qu’elles pourront alimenter et protéger jusqu’à la maturité.

En un sens, la sélection sexuelle est le prolongement psychologique de la sélection naturelle. Sauf que, au lieu de prendre l’avantage avec des caractéristiques qui augmentent la capacité de survie, on tire un avantage des qualités que les partenaires potentiels ont fini par trouver attirantes au fil de leur propre évolution.

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