C’est quoi exactement l’empathie ?

Apparu en psychologie dans les années 70, le mot « empathie », formé par analogie avec « sympathie »,  est aujourd’hui  à la mode. On sait en gros qu'il renvoie à une compréhension subtile des sentiments d’autrui, mais difficile pour chacun d’entre nous d’en donner une définition plus précise. Il faut dire qu’il  est utilisé un peu à toutes les sauces; sans doute parce qu’aujourd’hui les gens ont besoin de savoir comment les autres fonctionnent pour se situer eux-mêmes, comme le confirme Jacques Hochmann, membre honoraire de la Société psychanalytique de Paris. Dans son ouvrage «Une histoire de l’empathie», paru chez Odile Jacob, il constate avec la fin des solidarités politiques et familiales, la solitude de  nos contemporains qui  « cherchent anxieusement à connaitre leurs pairs et à se faire reconnaitre, courant derrière un modèle de transparence ». Pour Serge Tisseron, psychiatre et auteur du livre "Le jour où mon robot m'aimera ; vers l’empathie artificielle" chez Albin Michel, l’empathie a la cote  « sans doute parce que dans nos sociétés repliées et angoissées par la peur du manque, nous avons besoin de ce sentiment moral». Mais  si l’on utilise le terme un peu à tort et à travers, c’est aussi parce que les théoriciens de l’empathie ont fait évoluer le concept depuis près de cinquante ans. Qu’est-ce que l’empathie a donc de si complexe ? Selon Jacques Hochmann  : « En réalité, c’est un sixième sens, la capacité à se mettre à la place des autres pour les comprendre sans oublier que l’on est soi-même ». Une définition assez simple en apparence, mais qui cache en fait aujourd’hui trois niveaux de maturations différentes de l’empathie.

C’est partager  des émotions

C’est le sens courant du mot « empathie », les psychologues l’appellent « l’empathie émotionnelle » :  par exemple à la mort de Lady Di, on a pu parler d’empathie parce que la planète entière partageait l’émotion induite par ce drame dans une forme de sentimentalité débordante ; à une échelle plus intime, quand sa meilleure amie se marie ou qu’un ami perd son père, nous pouvons être émus,  essuyer une larme ou carrément pleurer car nous nous identifions par contagion à leur émotion, nous sommes pris dans ce que les psys nomment une « confusion émotionnelle ». Ce premier niveau de l’empathie, on le retrouve aussi chez le bébé entre 18 et 24 mois lorsqu’ il réagit par la même émotion à la vision de sa mère qui rit, qui est en colère ou qui a peur. Dans cette « empathie émotionnelle », on peut trouver des différences subtiles selon les personnalités : cela va de la sympathie à la pitié en passant par la compassion.

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