Ces pensées qui parasitent notre esprit

Les idées incongrues ou désagréables qui nous passent involontairement par la tête peuvent nuire à la vie quotidienne. Pourtant, il ne s’agit que de productions mentales qu’on peut très bien ignorer.

Ce n’est pas un TOC (trouble obsessionnel compulsif), mais ça peut le devenir. Idées ou images désagréables qui surgissent inopinément, encombrent l'esprit, tournent en boucle, les pensées intrusives peuvent toucher tout un chacun.«C’est un peu tout ce qui vient à notre conscience sans qu’on l’ait choisi, sans qu'on ait aucun contrôle dessus», résume le psychologue Julien Flückiger.

Ces pensées non désirées peuvent concerner le passé – quelque chose qu’on n’aurait pas dû faire et qu’on a fait quand même, ou au contraire quelque chose qu’on aurait dû faire et que néanmoins on n’a pas fait.

Ce qu’on appelle les ruminations, qui ont trait aux échecs qu’on a pu avoir,

les choses qu’on a ratées. Leur contenu tourne autour de la mésestime de soi.» Mais aussi le présent: la pensée intrusive peut alors prendre la forme d’une envie de faire quelque chose qu’on ne doit pas faire et qu’on ne fera sans doute jamais – tuer quelqu’un, sauter d’un pont – ou d’idées fixes sans rapport aucun avec la réalité que l’on vit. Quand enfin la pensée intrusive concerne le futur, elle consiste à se focaliser sur un événement à venir qui engendre peur et angoisse. «On se préoccupe de choses qui pourraient se passer,
et des solutions qui permettraient de parer à ces menaces, alors même qu’elles ne sont pas encore là.»

Le résultat d’un manque d’attention

Rien de bien grave a priori. «C’est quelque chose que nous expérimentons tous, cela fait partie du fonctionnement humain normal.» Plusieurs états et situations peuvent néanmoins favoriser l’irruption de pensées intrusives. «Par exemple, lorsque nous ne sommes pas vraiment occupés à quelque chose, que toute notre attention n’est pas focalisée sur un projet ou un travail, lorsque notre cerveau est un peu en mode de veille.»

Julien Flückiger explique que ces pensées intrusives peuvent cependant devenir pathologiques lorsqu’elles se mettent à avoir une influence sur la vie quotidienne, à modifier le comportement des gens «au point qu’ils ne peuvent plus fonctionner comme ils devraient. Par exemple, quand ils sont au travail, ils peuvent être pris dans leur tête, partir dans des pensées, des ruminations qui les perturbent et feront qu’ils ne seront plus à leur affaire.»

Des dégâts peuvent être également occasionnés au niveau relationnel.

Lors d’une conversation, notre attention pourra être ainsi perturbée par des éléments de pensées sans lien avec l’interaction sociale qu’on est censé avoir avec la personne.»

Si une prise en charge psychologique peut donner de bons résultats (lire encadré)
, inutile en revanche de vouloir se débarrasser des pensées intrusives.
«Plus on essaiera, moins on va réussir, plus on se focalisera, plus on se demandera “est-ce qu’il y a des pensées qui viennent dont je ne veux pas”, et plus, forcément, cela va accélérer le processus.» Et d’expliquer que la pathologie guette «lorsque l’on n’a plus la capacité de choisir entre prêter attention à ces pensées involontaires ou plutôt se concentrer sur l’interaction avec son patron, sa compagne, son entourage, etc.» Tout l’enjeu est là: «moins vivre dans sa tête et davantage dans son environnement quotidien».

Texte © Migros Magazine – Laurent Nicolet

 

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