Ces 5 attitudes qui rendent heureux

1. Valorisons les efforts de nos enfants

… et non pas ce qu'ils ont d'inné. Le Professeur Carol Dweck a réalisé de nombreux travaux en pédagogie. Elle a montré qu'il existe 2 façons d'encourager l'enfant, l'une positive et l'autre néfaste, qui obtient des résultats inverses à l'effet recherché.
Ce test, réalisé auprès d'enfants de 10 ans, comprenait quatre exercices :

- 1er exercice :
Un exercice difficile, mais qui correspondait à leur niveau. Tous ont réussi. À la moitié du groupe, elle a dit : « Bravo, quel talent ! Vous êtes si intelligents, si merveilleux ! ». À l'autre moitié du groupe (qui avait réussi de la même façon) elle s'est contenté de remarquer : « Vous avez travaillé dur, vous avez fourni beaucoup d'efforts. »

- 2e exercice :
Deux exercices au choix, étant précisé que l'un était facile, l'autre plus difficile. Plus de 50 % du groupe « intelligents » a opté pour le facile. Plus de 90 % du groupe « efforts » a préféré l'exercice difficile.

- 3e exercice :
Un exercice difficile. Parmi le groupe « intelligents », beaucoup ont rapidement renoncé à le résoudre. Certains, énervés, ont même quitté le laboratoire. Parmi le groupe « efforts », tous sont restés et certains ont même apprécié ce test.

- 4e exercice :
Un dernier exercice, du même niveau que le premier. Pourtant, pour le groupe « intelligents », le résutat est de 16 % inférieur au premier, tandis qu'il est de 17 % supérieur pour le groupe « efforts ».

Conclusion :
Si un enfant est dit intelligent, il évitera de se confronter à d'autres épreuves, où il risque d'échouer, afin de ne pas décevoir cette perception que l'on a de lui. Pour favoriser sa confiance en lui et sa capacité de résilience, mieux vaut donc souligner sa capacité d’apprentissage, sur quoi il a prise, plutôt que sa capacité innée (intelligence, dons, talents, beauté) qu’il ne contrôle pas. A la place de « Il est beau ton dessin » ou « Tu as eu 18 en maths, tu es trop fort, si intelligent, etc. », préférons : « Tu as fourni beaucoup d'efforts pour faire ce dessin » ou « Tu as travaillé dur pour apprendre tous ces théorèmes », etc.

2. Enseignons-leur le « jeu de la gratitude »

Très tôt, nous pouvons apprendre à nos enfants à reconnaître le positif. Exprimer sa gratitude est la meilleure façon d'être heureux. Comment le faire en famille ? Le soir, je demande à mon fils « What was fun for you, today ? » (« Qu'est-ce qui t'a amusé aujourd'hui ? »). Chaque vendredi, nous nous réunissons en famille chez mes parents. Avant de commencer le repas, chacun exprime sa reconnaissance pour quelque chose qui lui est arrivé dans la semaine, du gamin de 3 ans à la grand-mère. La dernière fois, ma mère a parlé d'une jeune femme de 20 ans rencontrée au supermarché. En faisant la queue chez le boucher, elle a entamé une aimable conversation avec une personne âgée, puis elle a fait passer quelqu'un devant elle, elle a remercié la caissière et lui a souhaité bon courage. Elle n'a rien fait d'extraordinaire : elle a juste choisi de donner son sourire et en a fait fleurir plusieurs en l'espace de dix minutes. La bonté est contagieuse. La gratitude rend plus heureux, plus généreux, plus optimiste.

3) Bougez, méditez, respirez !

D'autres pratiques contribuent au bonheur. Elles sont simples, connues, mais toute la difficulté réside dans le fait de les mettre en pratique. Ainsi, nous avons besoin de faire de l'exercice physique, à raison de 30 minutes, 3 fois par semaine. Introduisons dans notre emploi du temps des plages pour marcher, faire un jogging et encore mieux : danser !

La méditation quotidienne ouvre aux émotions positives et rend plus résistant aux pensées négatives. Des recherches montrent que les personnes qui ont la foi sont plus heureuses que les autres. Il existe évidemment des exceptions, des croyants dépressifs et des athées heureux ! Mais la religion contribue au bonheur pour 3 raisons. D'abord, elle inscrit dans une attitude de louange : chaque jour, dans sa prière, le croyant rend grâce à Dieu pour la vie, pour le pain, pour les autres. Or la gratitude est le premier facteur favorisant le bonheur. La deuxième raison touche à la quête existentielle de l'homme, qui donne une signification globale à sa vie. Albert Camus disait qu'il avait souvent le choix entre prendre un café et se tuer. Quelle raison avons-nous de nous maintenir en vie ? Cette réponse existentielle est intégrée dans la foi, même si l'on peut trouver d'autres causes pour donner un sens à sa vie : sa famille, sa carrière, un engagement altruiste, etc. Troisième raison : le bonheur est dans la communauté et les moments de partage communautaire sont importants dans les religions.

Enfin, notre posture et notre respiration comptent aussi beaucoup dans notre façon d'appréhender la vie, de nous affirmer, diminuer notre stress et favoriser notre créativité.

4) Vivre des « micro moments d'amour » quotidiens

Le bonheur naît du temps de qualité que nous passons avec des personnes que nous chérissons. Prenons le temps de vivre des « micro moments d'amour » quotidiens, en famille. Chaque fois que nous sourions, que nous exprimons de l'intérêt, que nous introduisons des actes de gentillesse à l'égard de nos enfants, nous nourrissons l'estime d'eux-mêmes. À chaque fois, notre physiologie se modifie. Nous avons besoin de piqûres de rappel, et pourquoi pas d'inventer un rituel pour nous y aider. Il y a deux mois, par exemple, j'avais beaucoup de travail, j'étais stressé, et j'ai été un peu dur avec mes enfants. Depuis, je porte un bracelet discret pour me souvenir d'être davantage « léger » avec eux, dans mes relations, au travail.

5) Voir l'échec comme un tremplin pour rebondir

Spontanément, en tant que parents, nous cherchons à éviter à nos enfants d'avoir de la peine. C'est une erreur. À 3 ans, notre fils aîné David ne quittait pas une figurine de Spiderman. Un jour, arrivés au 9e étage de notre immeuble, elle est tombée dans l’interstice de l'ascenseur. Impossible de la récupérer. David était désespéré. J'allais le consoler, lui promettre de lui en racheter une, plusieurs, même – elle coûtait 2 dollars ! Mon épouse m'en a empêché et m’a glissé : « Ne le prive pas de cette opportunité d'apprendre et de grandir dans l'épreuve ». Dans les pays développés, nous devons éviter ce piège de consoler l’enfant par la consommation. Evitons de surprotéger nos enfants.

La psychologie positive ne nie pas les difficultés de la vie. Je répète souvent : « Learn to fail or fail to learn » (« Apprends à tomber, ou renonce à apprendre »). L'essentiel est de se relever, d'en tirer une leçon. C’est ainsi que l’on progresse, sur un chemin de vie.  Les personnes les plus heureuses ont appris à mobiliser leurs ressources intérieures face à la difficulté, afin de la surmonter. Aider l’enfant à considérer un échec comme un tremplin pour rebondir est le fondement d'une vie heureuse.

 

« Professeur de Bonheur » :

Il fourmille d'anecdotes, étaye ses propos par telle recherche menée par tel Professeur. Rien de révolutionnaire dans ce qu'avance Tal Ben-Shahar. Quoique... il n'est pas impossible que la psychologie positive vienne bousculer un certain cynisme si français, ainsi qu'un léger sentiment de supériorité cultivé dans l'Hexagone. Il convient donc de faire la moue et de pincer les lèvres à la seule évocation du terme « bonheur ». Pas assez intellectuel, sans doute.
Pourtant, Tal Ben-Shahar s'efforce de montrer que ces théories sont désormais validées par la science, notamment grâce aux progrès réalisés par l'imagerie cérébrale. Très à l'aise à l'oral, comme il l'a prouvé lundi au théâtre Bobino, lors de sa conférence organisée par le magazine Psychologies, il n'a rien de l'orateur américain pétri de « recettes magiques » pour devenir heureux. Pour l'avoir aussi vu à la conférence de presse, je dirais même que cet ancien champion de squash israelien est plutôt réservé par nature. Docteur en psychologie et en philosophie, il écoute avec bienvaillance les questions qu'on lui pose. Ce père de 3 enfants n'hésite pas non plus à puiser dans son expérience familiale et à partir de ses propres difficultés. Bref, on dirait dans ce milieu qu'il est « congruent », ce qui est le plus beau des compliments. Après L'apprentissage du bonheur (2008) et L’Apprentissage de l’imperfection (2010), son ouvrage Choisir sa vie – 101 expériences pour saisir sa chance, vient d'être traduit et publié aux éditions Belfond (19 €).

 

Pour aller plus loin :

Retrouvez notre dossier complet "La recette du bonheur" dans l'édition papier de La Vie datée du 30 octobre, disponible en version numérique dès mercredi en cliquant ici.
 

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