Bourreaux… pour la bonne cause?


L’expérience Milgram est l’une des plus connues de l’histoire de la psychologie. En 1961, à Yale, au prétexte de vérifier l’influence de la douleur sur la mémoire, le psychologue américain Stanley Milgram a demandé à des volontaires d’infliger des chocs électriques de plus en plus forts aux cobayes prétendument testés, en réalité des acteurs. Les véritables sujets du test étaient les apprentis bourreaux qui, protégés par l’autorité médicale, allaient jusqu’à soumettre les acteurs qui mimaient la douleur la plus atroce, à des décharges présentées comme mortelles.

Cette expérience «cherchait à évaluer le degré d'obéissance d'un individu devant une autorité qu'il juge légitime et à analyser le processus de soumission à l'autorité». Mais selon une nouvelle étude, les résultats de cette sinistre expérience auraient été mal interprétés. Dans le «British Journal of Social Psychology», plusieurs éminents psychologues assurent que les résultats ne démontrent pas seulement un banale aptitude à faire le mal que l’on retrouverait chez tout un chacun. En fouillant dans les archives de Yale, les psychologues ont découvert des documents non publiés où les sujets du test donnaient leur opinion sur l’expérience.

Or, après que le pot-aux-roses a été dévoilé, une grande majorité des 800 participants, loin d’être furieux d’avoir été trompés et poussés à se conduire en bourreaux étaient ravis d’avoir participé ! Cette réaction étonnante est une donnée essentielle qui démontre que ceux qui «commettent des actes de cruauté ne sont pas motivés par le désir de faire le mal mais par la conviction que ce qu’ils font est juste et noble» commente la psychologue Kathryn Millard.  

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