Aya Mhanna, psychologue au service des réfugiées syriennes

Après avoir remarqué le surnombre de filles-mères syriennes, la jeune libanaise décide de travailler avec elles et de leur expliquer des méthodes de protection contre les abus physiques, la prostitution, les viols et les mariages précoces. « Elles ont tellement honte de raconter leurs histoires… Mais il faut qu’elles sachent qu’elles ne sont pas les seules à avoir subi cela. J’essaie d’intellectualiser la situation et alors elles parlent. C’est souvent des histoires de viols collectifs en Syrie, des attouchements dans les camps de la part de gens qu’elles connaissent car il n’y a plus souvent ni père ni mari. »

Aujourd’hui, Aya a quitté les camps. Mais la jeune femme mène un nouveau défi. Chaque mois, depuis octobre 2013, elle se rend dans un pays de la région pour apporter un support psychologique à des activistes des droits de l’homme et des journalistes syriens.

A chaque fois, une quinzaine de personnes, en majorité des hommes. Aya se rappelle : « Ils ont été surpris au début qu’une Libanaise accepte de travailler avec eux mais je leur ai expliqué que je vois en eux la seule chance d’une Syrie libre. Eux refusent de porter les armes et n’ont que caméras et crayons. Et pourtant ils ont été kidnappés, torturés, violés… » Parmi ces personnes, Aya porte une admiration toute particulière à une journaliste qui « relate beaucoup les droits des femmes syriennes et dont la famille a été torturée et menacée. »

Chère Aya, je veux te remercier toi la Libanaise de nous aider nous les Syriens

Un jour, lors d’un exercice où tous devaient s’écrire une lettre à eux-mêmes dans cinq ans sans note négative, l’un des participants a mal compris. Et a destiné sa lettre à Aya : « Il nous a lu à haute voix son texte qui disait « chère Aya, je veux te remercier toi la Libanaise de nous aider nous les Syriens après tout ce qu’on vous a fait… » Et il s’est mis à pleurer. » Entrainant avec lui toute la salle. Ce moment fondateur est resté gravé chez la psychologue. Trouver la bonne distance, garder le contact, l’exercice n’est pas facile. « Mes épaules me pèsent, comme si je portais un lourd fardeau » confesse-t-elle.
 

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