Avant deux ans, attention!

Petit retour sur le dossier de la garde partagée publié en fin de semaine.

Le sujet était vaste, je vous résume cela ici très brièvement.

D’abord, ce que je retiens de mes recherches, c’est cette entrevue avec Francine Cyr, psychologie clinicienne et professeure de psychologie à l’Université de Montréal.

Si, à 8 ans, les enfants ayant vécu en garde partagée semblent s’en tirer plutôt bien, Mme Cyr sonne l’alarme pour les bébés de moins de deux ans qui, selon elle, devrait avoir un port d’attache principal tout en voyant très, très régulièrement leur autre parent.

Pour le dire, elle s’appuie sur les connaissances les plus fiables dont on dispose selon elle,  à savoir celles qui touchent la psychologie du développement.

Ce qui est aussi ressorti clairement de mes recherches, c’est le fait que «le pendule est vraiment reparti du côté du père», comme l’a résumé Marie-Christine Kirouack, avocate en droit de la famille.

Cela se confirme aussi à la lecture d’une étude d’Élisabeth Godbout, doctorante à l’École de service social de l’Université Laval. Au terme de ses entrevues de fond avec onze juges de la Cour supérieure, neuf travailleurs sociaux et sept psychologues, elle souligne à quel point les commentaires étaient assez durs à l’égard des mères. Ses répondants leur ont attribué toutes sortes de « comportements problématiques » comme celui de chercher à s’approprier l’enfant, de formuler des craintes exagérées au sujet de l’autre parent ou, comme le lui a dit un juge, de prolonger à dessein l’allaitement pour limiter les droits d’accès du conjoint.

Fait à noter aussi, selon cette étude, des facteurs qui ont longtemps milité en faveur de la garde à la mère sont de moins en moins considérés. Que l’enfant soit un bébé ou que l’un des deux parents se soit plus occupé de lui depuis sa naissance ne fait plus en sorte qu’une garde exclusive soit privilégiée.

Même la violence alléguée est de moins en moins prise en compte. Pendant longtemps, quand un conjoint était visé par des allégations de violence conjugale, ses chances d’obtenir les enfants ont longtemps été nulles. C’est loin d’être le cas aujourd’hui.

Aux yeux de sept des 23 répondants de Mme Godbout, « les allégations de violence sont souvent trompeuses (soit fausses ou exagérées)».

«Les vrais cas de violence conjugale sont rares », ont dit huit experts.

En fait,  devant les tribunaux et en médiation, tout est orienté vers la préservation du lien avec les deux parents.

Comme on l’a vu vendredi, cela entraîne la mise en place de gardes partagées parfois extrêmes.

Sylvie Schirm, avocate en droit de la famille, conclut, elle, qu’on en demande beaucoup aux enfants.

Pour son confrère Michel Tétrault, qui pratique à Sherbrooke, «on s’attarde de moins en moins à l’intérêt de l’enfant et de plus en plus à l’intérêt des parents».

Leave a Reply