Comment se remettre psychologiquement des attentats du 13 novembre à Paris et Saint-Denis ? Dès le soir des attaques, les proches des victimes ont été individuellement prises en charge par des équipes dédiées de psychologues. Mais le traumatisme peut également toucher de millions de Français qui n'ont pas été touchés de près ou de loin par ces tueries. Marianne Kedia, docteur en psychologie et spécialiste du traumatisme, donne sur RTL des conseils sur ce qu'il faut faire ou éviter pour aller mieux et reprendre une vie normale.

Ne pas se forcer à passer à autre chose

Même après plusieurs jours et plusieurs semaines, il est tout à fait normal d'avoir l'esprit occupé par ces attentats. C'est un état qu'il faut accepter car il ne sert à rien de refoulé. "Essayer de ne plus y penser, c'est finalement le meilleur moyen d'y penser. Il faut plutôt laisser faire les processus normaux. Après, ça va faire partie de notre histoire collective. C'est un moment qui est important donc on ne va pas l'oublier mais on va y penser de moins en moins", explique la psychologue.

Se prémunir d'un trop-plein d'information

Pour essayer de penser un peu moins aux attentats, il peut être utile de s'éloigner des chaînes d'information en continu. "Ce qui peut être important, c’est de se protéger d'une source d'information peut-être trop intense. On l'a vu, tous les médias ne parlent que de ça, on voit les images en boucle à la télévisons et c'est pareil sur les réseaux sociaux c'est pareil", poursuit Marianne Kedia.

Toutefois, il ne faut pas non plus fermer complètement le rideau de l'information, assure la psychologue. Plutôt que de regarder la télévision, "il faut plutôt privilégier les médias où vous allez passer par l’intermédiaire du langage comme la radio ou les journaux écrits", ce qui permet une meilleure compréhension de l'actualité.

Passer du temps avec ses proches

Pour aller mieux, certains recommandent avant tout de consommer. Une idée "loufoque" qui peut être valable si cela "vous fait plaisir". Mais la meilleure solution pour se remettre d'un événement traumatisant, c'est avant tout "de passer des moments avec ses proches, de favoriser son réseau social, pas au sens numérique mais au sens propre, et pouvoir se distraire un petit peu", ajoute la spécialiste.

Ne pas éviter d'en parler

Alors qu'on souhaite se changer les idées avec ses amis, il est fort possible qu'une discussion sur les attentats s'engage. La refuser risque d'être contre-productif mais il ne faut pas non plus tomber dans un excès angoissant. "Si vous avez besoin d'en parler, faites-le mais avec mesure. (...) La plupart des gens ont besoin d'en parler. Un événement comme celui-là paraît complètement insensé. C'est d'une telle violence qu'on arrive pas à mettre du sens là-dessus", explique Marianne Kedia.

Laisser les enfants voir vos émotions

Face à cette tragédie, les enfants ne doivent pas être livrés à eux-mêmes. Il est important de "leur expliquer ce qui se passe avec des mots qui correspondent à leur développement". En effet, "on ne va pas utiliser les mêmes mots" avec un enfant de 5 ans et un autre de 9 ans. De plus, comme les enfants sont très "attentifs" aux émotions de leurs parents, "il ne faut pas hésiter à leur dire qu'on est triste, en colère, qu'on ressent des émotions assez fortes". Cela va leur permettre de "donner du sens" à cette actualité morose.

Partir

Enfin, changer d'horizon en voyageant est une "super idée", selon la psychologue. "Quand on part en week-end, on va être moins derrière sa télé, donc ça aide aussi". Dans ce cas, il peut être intéressant de privilégier la campagne et des destinations en contact avec la nature qui peut "aider à donner un peu d'air frais au sens psychique du terme".