Après la fellation de la chauve-souris, une étude grenobloise sur "l …

La cérémonie s'est déroulée ce jeudi 12 septembre dans la très prestigieuse université américaine Harvard. Le ton est parodique, décalé, voire complètement déjanté, mais ne vous y trompez pas, ce sont de vrais lauréats du prix Nobel qui remettent chaque année les Ig Nobel (prononcer "ignoble" à l'anglaise).

Fondées en 1991 par le magazine d'humour et de sciences, "Annals of Improbable Research", ces distinctions récompensent des travaux qui font rire, mais aussi réfléchir, ils entendent distinguer l'originalité et la hardiesse dans la Recherche. C'est l'occasion pour les chercheurs de prendre leur travail avec recul, humour et souvent poésie.

La fellation chez les chauve-souris y est aussi passée

Alors c'est vrai, l'intitulé des recherches peut parfois sembler relever de l'imagination facétieuse d'un potache un peu fripon. Dernièrement, le prix a notamment été décerné à une équipe de biologistes pour son étude sur la fellation chez les chauves-souris. Un sujet qui a suscité des publications très sérieuses dans des revues scientifiques non moins sérieuses. On y apprend notamment que la fellation chez ces animaux nocturnes a des vertus antimycoses et antichlamydia et anti-virales, grâce à la salive et à ses propriétés antivirales. Une découverte qui ne révolutionne pas forcément la face du monde mais alimente considérablement  les connaissances du règne animal.

L'alcool rend-il plus beau ?

Mais revenons à nos chercheurs grenoblois: "En psychologie, aucun Français n'avait encore reçu d'Ig Nobel, ça nous a bien fait rire quand on a appris la nouvelle", a réagi Laurent Bègue, directeur du laboratoire inter-universitaire de psychologie de Grenoble.
L'alcool rend-il beau?, "cela peut sembler anecdotique mais ça soulève en réalité de vraies questions de recherche", explique Laurent Bègue. L'étude a ainsi montré qu'on ne peut pas "réduire l'alcool à son aspect pharmacologique".

Publiés en mai 2012 dans le British Journal of Psychology, ces travaux ont démontré que, plus on boit d'alcool, plus on se trouve séduisant, mais que cette meilleure perception de soi n'est pas due aux effets pharmacologiques de l'alcool mais à un effet placebo.

Intitulée "Beauty is in the eye of the beer holder","La beauté est dans les yeux du buveur de bière", l'expérience a été réalisée à Grenoble en partenariat avec les Universités de Paris-Descartes, Paris-VIII, et l'Université d'Etat de l'Ohio aux Etats-Unis.

Les chercheurs ont d'abord approché 19 consommateurs dans un bar de Grenoble et les ont invités à noter, sur une échelle de 1 à 7, à quel point ils s'estimaient séduisants, intelligents, originaux et drôles. Leur taux d'alcoolémie a été ensuite mesuré par éthylomètre. Plus les personnes présentaient un taux d'alcoolémie élevé et plus elles se sentaient séduisantes.

Dans un deuxième temps, 94 hommes recrutés par petite annonce ont été conviés en laboratoire à tester une boisson pour une société factice. Aux uns, on a servi de l'alcool, aux autres non, mais sans les mettre au courant du contenu du verre. Certains pensaient boire de l'alcool alors que c'était du jus de fruit et vice-versa.

Les buveurs étaient ensuite soumis au même type d'évaluation que dans la première expérience. A l'arrivée, ce sont les personnes qui croyaient avoir bu de l'alcool, qu'elles en aient réellement bu ou non, qui s'estimaient les plus séduisantes. En revanche, celles qui avaient bu de l'alcool sans le savoir ne se considéraient pas plus séduisantes.

Des applications concrètes en matière de prévention 

Conclusion, "tout le monde croit que l'alcool désinhibe, augmente l'assurance. Lorsqu'on met en cause ces croyances, ça a des conséquences sur le consommateur", note M. Bègue. Cette découverte peut permettre de mieux cibler les messages de prévention sur les dangers de l'alcoolisation excessive. 

Le LIP compte 30 enseignants chercheurs et 20 doctorants entre Grenoble et Chambéry,  Sa spécialité est de fonder la psychologie sur des données quantitatives. Récemment, il a démontré, via une expérience réunissant 70 "cobayes", que les jeux vidéo violents rendaient agressifs et que cette agressivité augmentait avec le temps. D'autres études portent sur l'effet des préjugés sur les performances cognitives, sur le rôle de la méditation dans la tolérance à la douleur ou sur la relation entre les drogues et la violence.

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