A quoi peuvent bien servir les psy ? Réponse le 14 mars à l’hotel …

Des psys ? Mais à quoi ça sert ?

     C'est la question que semble se poser le gouvernement depuis la passation brutale et masquée par les vacances d'été de la loi du 28 juillet 2011. Celle-ci, reprenant des principes déjà posés en 2006 et en 2009 sous l'appellation "égalité des chances" frappe d'illégalité toute convention de stage excluant une gratification minimum de 12,5% du SMIC pour une durée de stage supérieure à 2 mois, consécutifs ou non. Sans doute devrions-nous sauter au plafond d'apprendre que le gouvernement entend bien lutter contre l'exploitation des stagiaires, régulièrement dénoncée par les medias...

    Au contraire, c'est un coup de massue qui plombe actuellement toute la profession, en proie au doute quant à son avenir. En effet,  il n'aura échapper à personne qu'en ces temps de réduction des déficits, la santé mentale, entre autres, n'échappe pas à la logique économique de "bon père de famille" qui voit la qualité et la performance du système de santé mentale en France soumis de plus en plus à la dictature de la "rentabilité". L'absurdité s'énonce alors ainsi : les associations et établissements publics souhaitant embaucher des stagiaires psychologues doivent les rétribuer impérativement... alors qu'aucun budget n'a été prévu en amont par les pouvoirs publics à un niveau national !

    Les conséquences de cette loi furent immédiates et dramatiques. Au moins la moitié des étudiants perdirent l'accès à des stages parfois prévus des mois à l'avance, dans des institutions choisies, de qualité...pour se retrouver forcés de patienter encore une année, et donc payer plus, afin de valider des diplômes dont la pertinence est basée sur la pratique clinique, "le terrain". Les tentatives des étudiants, universités et institutions concernées pour contourner le problème de la gratification en attendant une solution furent pourtant nombreuses : multiplication des conventions de deux mois ; retour des fonds par le biais d'un don de l'étudiant à son institution ; contrat bénévole... Las, rien n'y fit, et l'application inégale de cette loi par les universités généra une concurrence de mauvais aloi entre étudiants issus d'universités plus ou moins scrupuleuses.

   La tant vantée "égalité des chances" entraînera si rien n'est fait...des inégalités flagrantes. D'abord entre étudiants, ceux bénéficiant par leur milieu de contacts avantageux prenant le pas sur les autres. Ensuite entre territoires, dont certains, Ile-de-France en tête se retrouvent en situation de déséquilibre entre nombre d'étudiants et offres de stages. Enfin entre universités, puisque l'application de la loi est déjà elle-même inégale.

   On peut largement s'interroger sur la considération quant au métier de psychologue qui découle d'une telle législation. Un psychologue n'a besoin, au niveau matériel, que de sa tête...et non pas d'un couteux matériel que d'autres domaines exigent. En revanche, il ne suffit pas que celle-ci soit bien pleine, mais bien saine et en bonne connaissance du lien à l'autre, dans un milieu en perpétuel questionnement. La réduction de l'offre de stage, et l'appauvrissement de la formation clinique qui en découlera laisse présager de sombres heures pour les jeunes professionnels...et leurs patients. Dans ce contexte, cette attaque de la profession, qui vient s'ajouter à d'autres (j'en veux pour preuve l'effacement planifié depuis quelques années du temps FIR, ou Formation, Information, Recherche, sans lequel le questionnement nécessaire sur la pratique devient bien plus problématique et inégalitaire), semble indiquer une nouvelle direction : celle du psychologue-technicien, qui viendrait à coup de protocoles "réparer" la folie humaine...

    A l'heure actuelle, seule les Fonctions Publiques sont éxonérées de l'obligation de gratification... mais pour combien de temps encore ? Face à cela, des initiatives locales ont pu voir le jour ça et là (En Seine-Maritime et dans le Rhône notamment, où les Agence Régionales de Santé débloquent des fonds pour subvenir aux besoins des institutions) mais celles-ci restent ponctuelles et surtout instables, à défaut d'une décision budgétaire nationale.

   En réponse à cette casse déguisée du système de soin en France, les étudiants en Psychologie se sont partout en France mobilisés et vous invitent à les rejoindre le mercredi 14 mars à 13h à l'hôtel de Matignon (57 rue de Varenne, Paris 7e) pour interpeller les dirigeants sur leurs absurdités, et demander qu'un plan de financement de la mesure soit mis en place au plus tôt, avant d'organiser une large discussion réunissant tous les acteurs concernés.

  Pour stopper la folie politique soyez nombreux aux côtés des étudiant, professionnels et médias !

Pour plus d'infos, consultez http://sauvons-la-clinique.org/

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