« Il faut distinguer la perception de la musique et la pratique d’un instrument. Au niveau de la perception, on peut initier un enfant très tôt, avant même la naissance : le fœtus peut en effet entendre de la musique à travers la paroi abdominale de la mère. Des expériences ont démontré que les bébés reconnaissaient des morceaux entendus in utero et qu’ils les associaient, en général, à une émotion positive.
Du point de vue de la pratique, cela peut aussi commencer très tôt, dès deux ans, à partir du moment où l’enfant a bonne coordination visuo-motrice et qu’il peut manipuler un instrument. Le cerveau d’un petit est très ouvert, il a de multiples potentiels neuronaux et il faut lui offrir la possibilité de tester la musique. Évidemment, si l’enfant n’est pas réceptif, il ne faut pas insister, mais cela est valable pour toute question éducative.
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Une pratique précoce a un impact sur l’apprentissage des maths
On sait aujourd’hui qu’une pratique précoce développe des capacités de coordination motrice fines et qu’elle a des effets sur d’autres apprentissages. Ainsi, des études ont montré que les enfants ayant découvert la musique en maternelle obtenaient de meilleurs résultats en mathématiques au cours de leur scolarité.
Au niveau cérébral, on a observé que la musique agissait sur des régions de la coordination visuo-motrice qui sont interconnectées avec le siège de la construction mathématique. Jouer d’un instrument n’est donc pas seulement bénéfique pour la concentration ou la discipline, cela peut avoir un impact sur d’autres compétences.
Compte tenu de ces découvertes, il serait dommage de ne pas laisser l’enfant essayer. Il faut bien sûr opter pour une méthode d’éveil ludique. Mais ne pas sous-estimer les capacités des plus jeunes qui peuvent faire des merveilles et avoir des fulgurances musicales.
Ainsi, il est important de vérifier que l’enfant peut s’épanouir à travers la musique. Et si ce n’est pas le cas, ne pas dramatiser. Il pourra s’exprimer à travers d’autres formes d’intelligence. On sait aujourd’hui qu’elles sont multiples.
Développer les ateliers en maternelle
Si la sensibilité musicale est indépendante de l’instrument, il est toutefois préférable d’en choisir un adapté à l’âge du musicien en herbe. Le piano fonctionne bien chez les petits, d’autant qu’il existe des techniques très ludiques et visuelles, mais il n’y a pas de règle, l’important est que la pratique n’entraîne pas une souffrance physique.
Si l’enfant ne commence pas la musique très tôt, rien n’est perdu. Ce n’est pas comme pour l’apprentissage d’une langue étrangère qui devient vraiment plus compliqué avec l’âge. Dans le cas de la musique, cela reste plus facile car on en a toujours écouté. L’idéal, bien sûr, serait de développer les ateliers de musique à la maternelle pour permettre aux enfants de tester et de voir à quel point ils pourraient exprimer leur intelligence dans ce domaine. »
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Paula Pinto Gomes