a nécessité du facteur psychologique

La ncessit du facteur psychologique

La crise ukrainienne est trs probablement devenue, selon nous on la vu, la crise haute ultime (voir le 24 mars 2014). Elle est trs rapidement
passe du niveau rgional (lUkraine, la Crime) au niveau le plus haut, avec une sorte de globalisation qui la conduit soprationnaliser
dans divers domaines, chacun au niveau le plus haut galement. Aujourdhui, elle est essentiellement, et on dirait certains moments
exclusivement, une crise gnrale du bloc BAO contre la Russie, mais avec une interprtation symbolique et oprationnelle dune considrable
puissance : le bloc BAO en tant que reprsentant oprationnel et symbolique, et reprsentant enthousiaste, du Systme ; la Russie
en tant que reprsentant oprationnel et symbolique, et reprsentant rticent de lantiSystme. La diffrence entre reprsentant
enthousiaste et reprsentant rticent fait la diffrence entre un bloc BAO plus offensif dans le champ du systme de la communication,
que la Russie beaucoup plus sur la rserve, avec une position de rsistance et en recherche daccommodement (sans pour autant envisager de
cder une seconde sur la Crime).

Cette interprtation enthousiaste-rticent/offensif-rsistance dj complexe, le devient encore plus lorsquil apparat que les deux
attitudes concernent des objets diffrents. Lenthousiasme offensif du bloc BAO recouvre en vrit une anxit profonde qui concerne
ltat rel du Systme : laffirmation de la puissance et de la justesse du Systme est dautant plus forte que cette puissance et
cette justesse sont affreusement menaces par lvolution propre, lvolution intrieure du Systme avec la perception inconsciente dune
tendance autodestructrice. La rticence de la Russie, plus axe sur une rsistance dfensive, tient ce que ce pays dfend des actes et
des situations dune ralit nationale quil juge intangibles, mais quil craint que cette dfense irrfragable provoque des effets
dexcitation et de fureur incontrls chez son partenaire-adversaire. Cela signifie que la Russie ne reculera pas, quelle ne peut
pas reculer
, mais quelle tente de faire de cette position intangible une position raisonnable et la moins provocatrice possible,
exercice particulirement difficile. (Il est caractristique que, mme dans ses critiques et ses attaques contre le bloc BAO Poutine
continue parler de partenaires, simplement en observant que ces partenaires se fourvoient.)

Les vnements trs rapides et puissants ont empch que lon sattache particulirement la dimension psychologique, alors quil apparat
videmment quelle est absolument essentielle comme dans toutes les crises aujourdhui, avec un systme de la communication
omniprsent et dun effet fondamental ; dautant plus absolument essentielle que cette crise est devenue ce que nous-mme en faisons,
la crise haute ultime. Il est temps de rparer cette faiblesse, alors que nous avons tenu depuis longtemps que la dimension psychologique
est fondamentale.

Dans laffrontement quon dcrit ici, il y a bien laffrontement classique, et lui aussi fondamental, du Systme contre lantiSystme, et
cet affrontement classique est beaucoup plus intressant et beaucoup plus ncessaire considrer que laffrontement pseudo-gopolitique
(bloc BAO versus Russie). Les rfrences psychologiques sont alors naturelles, et dj dites moins fois, et cette fois plus fortes
que jamais : le Systme (le bloc BAO) manifeste une psychologie offensive, dbride, furieuse, etc., parce que plong dans une
pathologie schizophrnique, entre la surpuissance du Systme et la tendance lautodestruction que produit simultanment cette
surpuissance. LantiSystme (la Russie) est sur une ligne beaucoup plus modre, beaucoup plus manuvrire comme on la vu, parce que la
Russie raisonne aussi et principalement en termes gopolitiques, et quelle a normment de difficults, voire de rticence, endosser le
rle de lantiSystme. Dune certaine faon, la Russie est autant plonge dans une complexit contradictoire que le bloc BAO, mais non par
la pathologie qui implique linconscience de la chose, mais par lextrme difficult de rconcilier deux termes qui se contredisent. Son
analyse gopolitique nest pas antiSystme en soi, elle est raliste selon les donnes existantes qui renvoient toutes au Systme ; sa
position antiSystme qui lui est impose, elle, est ncessairement une mise en cause du Systme.

Quoi quil en soit, le cas le plus important et le plus intressant est celui du bloc BAO parce quil sagit dune pathologie, donc dune
attitude ventuellement contradictoire qui nest pas consciemment ralise. Cest donc la position du Systme (du bloc BAO) qui doit nous
intresser en absolue priorit. Nous avons dj esquiss un aspect (alors quil y en a beaucoup dautres) de la pathologie-Systme du bloc
BAO, dans notre texte sur la Guerre froide (voir le 20 mars 2014), qui est celui de
linterprtation de lexpression Guerre froide, dont la modification a constitu une des causes smantiques de la russophobie actuelle,
mais une cause smantique, cest--dire tentant de fournir un socle pseudo-rationnel (parmi dautres) la pathologie de la psychologie
suscite par les exigences du Systme ... Do cette citation, concernant la modification que les neocons en tant que matriel
humain du Systme, ont introduit dans les annes 1970 :

Il nempche, cette intervention des neocons signalait effectivement la smantique faussaire laquelle nous sommes confronts
aujourdhui avec lide dune no-Guerre froide, ou encore du constat -la-McCain que la Guerre froide na jamais cess. Cette
opration smantique comme on pourrait dsigner la chose, est dune importance capitale, parce quelle recle peut-tre

la cause profonde de la tendance antirusse qui sest installe au cur des troupes du Systme, qui a la force
dun emportement hystrique exerant son empire sur une psychologie malade et impuissante recueillir les signes de la vrit de la
situation du monde. Cette tendance antirusse sest manifeste dune faon oprationnelle de deux faons depuis la fin de la Guerre froide :
la mise lencan de la Russie avec Eltsine par le capitalisme sauvage, la dnonciation de la Russie no-imprialiste et dictatoriale avec
Poutine, avec une pousse concomitante constante vers la Russie (OTAN et UE).

Dune faon beaucoup plus gnrale, nous citons ici un commentaire un texte dOrlov (voir ClubOrlov, le 18 mars 2014,
La folie du prsident Poutine). Il sagit dune observation gnrale de ce que nous nommons la psychologie-Systme du bloc BAO,
par un lecteur (Stanislav Datskovskiy) citant un nomm Brian, an American fellow who actually gets it...

In light of likely near future developments, Vladimir Putin is now wise to secure the borderland to protect the heartland.
Throughout the west there is a sublimated rage against social and economic conditions which find occasional and diverse expression.
Russophobia is the latest, most powerful expression of this atavism to date, and this should be no surprise to anyone paying attention.
Russia is unfortunately populated by people who have no corresponding culturally protected groups in the west. No westerner has been raised
to speak only kindly of all things Russian. As such Russia and its expressions face the full force of the contempt of the Western elite and
rabble alike.

Psychiatric insight is useful to bring to bear on this crisis because it suggests those fears which give rise to projection and anger
will only multiply themselves as the power relations which are there origin devolve and degenerate into ever greater coarseness and
brutality. This outcome seems inevitable as western macro bankruptcy looms. Here, I think, I need not convince anyone of the likelihood of
western economic collapse. But here it is useful to consider how that collapse may give rise to a fascistic, lunatic lunge at the Russian
heartland.

Brian parle dune a sublimated rage sexerant contre la Russie, parce que ce pays reprsente un modle social et culturel,
voire spirituel, qui soppose celui du Systme, dune faon naturelle, simplement en tant. Cette ralit russe qui est
un dni du Systme suscite those fears which give rise to projection and anger (ces peurs tant celle du Systme dans sa
surpuissance se heurtant une Russie antiSystme par le fait, sans ncessit de volont, simplement en tant, et craignant
que cette rsistance accentue la production dautodestruction quimplique sa propre surpuissance). Ces attitudes-Systme du bloc BAO
suscitent un comportement qui se rapproche du trouble obsessionnel-compulsif (TOC) bien caractris par les diverses interventions dObama
durant son sjour europen cette semaine, et qui dveloppent dextraordinaires contradictions impliquant obsession et compulsion pour lutter
contre lobsession ... Au dpart de son sjour ( La Haye), Obama rgle son compte la Russie : puissance rgionale, sans intrt,
ngligeable, etc. (Russia is a regional power that is threatening some of its immediate neighbours, not out of strength but out of
weakness, the president said. The US also has influence over its neighbours, he added, but: We generally don't need to invade them in
order to have a strong cooperative relationship with them.
) Le reste de son temps a t consacr des discours grandiloquents,
menaants, emport, sur la paix du monde, la morale du monde, fouls aux pieds par la Russie, lassurance dix fois rpte quon
ninterviendrait pas malgr la fourberie de la Russie qui secouait toute la civilisation, tout cela propos de la Russie ; une
puissance rgionale vaut-elle tant dattentions, de mise en frais, de coups de semonce et de descriptions apocalyptiques ? On
retrouve l lobsession de la russophobie qui est lobsession dune puissance concurrente et dun modle antiSystme, et la compulsion
consistant rduire lobjet de cette obsession quelque chose de ngligeable pour contrecarrer lanxit de la russophobie. Une
parlementaire russe a observ (le 26 mars 2014, sur
Russia Today) quil ne fallait pas trop sattarder au srieux dun jugement mettre sur les sorties dObama  : Such
statements are manifestations of not even panic, but agony, and the refusal to acknowledge the mistakes made in Ukraine, the head of the
Upper Chamber of the Russian Parliament, Valentina Matviyenko, was quoted as saying by the RIA Novosti news agency. She also called upon
journalists not to take such words too seriously.
)

Certes, cette chose est ne pas prendre au srieux, mais tout de mme dite, et par le POTUS lui-mme. Ce qua dit Obama, lorsquil a
semonc la Russie en montrant en exemple les USA qui, parce quils sont si puissants (sous-entendus : et donc si sages) prfrent la
voie diplomatique que lintervention militaire pour traiter avec ses voisins (We generally don't need to invade them ) a d
rsonner un peu lourd dans larrire-cour des USA, tous ces pays dAmrique Latine en butte des interventions US incessantes depuis deux
sicles, sous la haute autorit de la doctrine de Monroe, jusqu celle de Panama en dcembre 1989, la plus surraliste, baptise Just
Cause
et caricature Just Because parce quau Pentagone lorsquon sinformait de la cause, pourquoi cette intervention ?, on
recevait cette rponse Simplement parce que.... On ninsistera pas ncessairement sur les performances interventionnistes des USA depuis
2001, et ce sont des voisins, mme lIrak, et lAfghanistan, puisque les USA cest le monde, mais on les a lesprit. Tout cela,
rassembl en quelque mots dun Obama suffisant et arrogant, image invertie de lObama de 2009 qui reconnaissait linfamie de lintervention
US en 1953 en Iran (voir le 5
juin 2009
), constitue un acte de propagande non pas stupfiant, non pas extraordinaire, mais plutt dissolvant, comme lon dirait
intellectuellement dissolvant parce quil dissout lesprit, exactement comme un acte intellectuel qui serait une charogne dans le
processus de dissolution de la dcomposition voulant se faire prendre pour une Ide. Le fumet de cette puanteur de la dissolution a attir
qui il devait, et le discours a t correctement applaudi et transcrit par les dirigeants-Systme et les pisse-copie-Systme.

Faut-il pour autant attaquer furieusement BHO comme source de la chose ? On se tromperait. BHO savre finalement tre une crature de
communication, cest--dire un non-tre lorsquil sagit dagir intellectuellement, indiffrent la politique et lhistoire, attentif
la seule reprsentation o il excelle, cest--dire quil croit ce quil dit mais ne comprend rien ce quil dit, et dailleurs il sen
fout royalement. Idem pour ceux qui crivent ses discours, ceux qui le conseillent, etc., qui font leur travail avec sincrit, qui
est celui de la reprsentation dune narrative, pas de la vrification de sa vracit, videmment nulle par dfinition. Alors,
sur qui faire porter la responsabilit du fondement dune telle puanteur de dcomposition intellectuelle ?

... Le Systme certes, et ainsi en
revenons-nous notre grand Mystre, le Systme qui impose sa loi et ses consignes, et suscite tant de troubles et de pathologies dans ces
psychologies fragiles qui sexcutent. Nous connaissons le Systme, nous lidentifions, mais il reste explorer avec tnacit et ardeur sa
forme dautonomie, sa relle substance, voire son essence qui serait une contre-essence conduisant la Chute de lui-mme et de notre
contre-civilisation en mme temps, et au-del sa vritable origine constitutionnelle. Cette exploration doit se poursuivre sans trve,
particulirement dans cette priode qui a pris toute son ampleur avec laffaire ukrainienne. Dans ces circonstances o les psychologies
affaiblies sont prisonnires de leur obligation de servir de sas de transmission vers lesprit dune ralit subvertie qui se fait passer
pour la vrit du monde, et avec une puissance jamais atteinte dans cette crise-l, on voit moins que jamais la possibilit dune issue de
compromis, rationnelle et acceptable, pour reporter le moment historique du grand choc. Au contraire, entre ces psychologies bloques comme
elles le sont de plus, on se trouve avec la Russie devant lvidence de la finalit de laffrontement... ([...L]a Russie telle quelle
se place dans la crise ukrainienne, et elle qui est le vrai foyer de la crise ukrainienne, apparat comme le terme dune priode, la fin
dune dynamique, lpuisement dun projet ou dun programme. Cest--dire quil ny a
rien au-del de la
Russie
et quautour delle, avec elle, et encore plus selon la raction extrmement ferme quelle a montre, on se trouve
au terme dune priode politique fondamentale et linstant historique, dans la circonstance quasi-mtahistorique de laffrontement
fondamental
[le 24 mars 2014].) Bien
sr, laffrontement fondamental, quoi quen veuillent et quen ralisent les uns et les autres, entre Systme antiSystme...

Mis en ligne le 27 mars 2014 10H36

Open all references in tabs: [1 - 6]

Leave a Reply