EIl est peintre, elle est professeure de psychologie. Ils ont tous deux passé les soixante-dix ans. Elle est malade et elle va mourir. Entourée de sa fille et de ses deux petites-filles, elle s'avance vers sa fin comme un souvenir déjà diaphane de celle qu'elle a été. Dans le même temps, une robe découverte dans une armoire fait ressurgir, au cours d'un lent glissement de mémoire, le fantôme d'une jeune rivale qui faillit lui ravir son mari. Tel est le sujet du roman de Riikka Pulkkinen qu'une presse internationale auto-effervescente présente depuis peu comme la révélation finlandaise du moment.
En fait de révélation, le lecteur pourra légitimement se demander s'il n'a pas déjà lu ça quelque part n et plutôt dix fois qu'une par rentrée littéraire : la maladie, la mort, le secret de famille, le tout habillé d'une broderie de petits riens dans une absence notable d'humour. Disons-le tout net : une littérature inoffensive qui noie l'essentiel sous l'infime, à lire en pyjama, blotti sur son canapé, les dimanches pluvieux en finissant le dernier pack de yaourts.
Riikka Pulkkinen n'est pourtant pas un auteur détestable. Sa plume, alerte et sûre, est portée par instants par une belle poésie mélancolique. Ses annotations psychologiques sonnent juste et sa manière d'éluder les vraies questions pour venir à tout coup sur des détails anodins peut passer pour de la pudeur ou de la sensibilité. Alors d'où nous vient ce vague ennui comme aux visites languissantes des appartements que parfument les dragées antimites ? Peut-être, ainsi qu'elle l'écrit elle-même, de ce que 'tout est déjà vu et revu, je connais tous tes trucs. Ce n'est que de la comédie. Un simple spectacle.'