Que cela plaise ou non à ceux qui s’érigent en censeurs de l’Afrique sans en connaître les réalités présentes, le temps est venu pour les nations, comme la nôtre, de se doter d’une gouvernance adaptée à leurs traditions, à leurs us et coutumes. Conçues et rédigées au lendemain des indépendances par des spécialistes du droit européen, les textes fondamentaux qui nous régissent ne sont, en effet, que de pâles copies des Constitutions qui régissent les anciennes puissances coloniales et dont beaucoup, d’ailleurs, mériteraient d’être récrites afin de mieux coller à la réalité de ce début de millénaire.
Le problème que nous devons résoudre aujourd’hui est celui de la démarche à suivre si nous voulons que le peuple congolais adhère pleinement à une telle avancée. Au-delà de la classe politique qui aimerait s’approprier le processus ou, bien au contraire, en empêcher le déclenchement, c’est de façon très évidente à la nation toute entière qu’il revient de se prononcer. Mais comment diable faut-il s’y prendre pour que la nouvelle Constitution sur laquelle il sera appelé demain à se prononcer réponde à ses attentes ?
À cette question la seule réponse valable, à nos yeux en tout cas, est la suivante : il convient d’initier sans plus attendre le débat public qui, par étapes successives, conduira à la consultation populaire permettant aux citoyens de se prononcer en toute connaissance de cause sur la gouvernance publique. Bien au-delà du nombre et de la durée des mandats présidentiels sur lesquels se focalise présentement – de façon absurde, il faut le souligner – l’attention des observateurs extérieurs de la scène congolaise c’est ce processus, et seulement ce processus, qui permettra à notre pays de résoudre les problèmes auxquels il se trouve confronté du fait de son émergence rapide.
Précisons, pour être tout à fait clairs, que le Congo a en son sein toutes les capacités, toutes les compétences nécessaires, pour mener à bien ce grand dessein. Il n’a donc pas besoin de faire appel à des experts venus d’un monde qui n’a ni la même histoire, ni les mêmes coutumes, ni la même conception de la vie en société. Le temps est venu pour l’Afrique de choisir la route sur laquelle ses peuples chemineront dans les décennies à venir. À nous maintenant d’en apporter la preuve.