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Pendant cinq ans, Régine Labeur, 55 ans, a réalisé près de quatre cents expertises judiciaires auprès des tribunaux de Bordeaux, Périgueux et Bergerac. Pourtant, cette ancienne chauffeur de taxi et comptable pour son mari n’avait pas les compétences pour rendre ces rapports. Ce lundi, elle est jugée en appel pour avoir fabriqué de faux diplômes de droit et de psychologie afin d’obtenir son inscription sur la liste des experts judiciaires, rapporte « Le Parisien Magazine ». En septembre 2012, elle avait été condamnée à quatre ans de prison dont deux avec sursis par le tribunal correctionnel de Toulouse (Haute-Garonne) pour « usage de faux documents administratifs et usurpation du titre de psychologue et d’expert judiciaire ». Régine Labeur avait alors fait appel de cette condamnation.

Tout commence à Périgueux en 2003. Cette année-là, Régine Labeur, âgée de 46 ans, postule à la DDASS en tant que psychologue, en présentant alors différents diplômes : licence de droit, maîtrise et DESS en psychologie. Tous ont été fabriqués par ses soins grâce à des modèles et des tampons trouvés sur Internet. Deux ans plus tard, elle obtient son inscription sur la liste des experts psychologues notamment auprès de la cour d’appel de Bordeaux (Gironde). Elle rend alors pendant quatre ans des avis judiciaires à Périgueux mais également à Bordeaux, Bergerac, Limoges, Clermont-Ferrand et Paris. Au total, 400 rapports qui lui ont rapporté 70 000 euros. Malheureusement, ces analyses ont fait des victimes. Une mère a ainsi été séparée de ses deux enfants pendant quatre ans. D’autres expertises rendues par Régine Labeur en matière de délits sexuels ont accablé des innocents ou discrédité la parole de victimes.

« Mes diplômes sont tous faux, je les ai fabriqués moi-même »

En 2009, la vérité éclate enfin. Alors que Régine Labeur souhaite quitter son mari, ce dernier raconte tout à la police, explique « Le Parisien Magazine ». « Elle est inscrite comme experte psychologue auprès des tribunaux, mais elle n’a pas les diplômes requis », avoue Gilles Delprat le 24 juin de cette même année, alors qu’il est en garde à vue après une dispute conjugale. Elle déballe tout à son tour : « J’en ai assez de tout ça, mon mari me pousse au suicide et me fait du chantage sur des choses très graves que j’ai faites (…) Je n’ai aucun diplôme de psychologue, ils sont tous faux, je les ai fabriqués moi-même. Ça me libère de tout vous dire. » Mais pourquoi avoir agi ainsi ? Selon le psychiatre qui a expertisé Régine Labeur, cette dernière présente « une fragilité narcissique ». « Par la confiance qu’elle essaie d’inspirer, elle cherche à se faire aimer d’un amour plein d’admiration pour son habileté, sa culture et son savoir », a-t-il écrit dans son rapport.

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