Une doctorante veut brosser le portrait psychologique des hommes …

Le réveil sonne. Il est 6h30. Yannick saute du lit, s’habille promptement. Comme presque chaque matin de la semaine, il se rend au centre de conditionnement physique où il s’entraînera intensivement durant plus d’une heure trente, soulevant sans relâche poids et haltères. Ce qui représente un simple loisir chez certains jeunes hommes de son âge constitue pour lui un devoir imposé. En fait, toute son existence tourne autour de cet entraînement excessif. Yannick souffre de dysmorphie musculaire ou bigorexie.

Ce n’est pas par hasard si ce problème est aussi appelé «anorexie renversée»: au lieu de vouloir être minces comme un fil, comme c’est le cas chez les femmes anorexiques, ces hommes veulent développer leurs muscles, tout en évitant d’engraisser. Comme chez les femmes, la perception qu’ils ont de leur corps ne correspond pas à leur apparence réelle. 

«On parle beaucoup d’anorexie mais beaucoup moins de bigorexie, alors que c’est quand même un problème qui touche beaucoup d’hommes», affirme Isabelle Labrecque. La doctorante en psychologie lance un projet de recherche pour mieux comprendre les préoccupations corporelles masculines. Plus précisément, elle souhaite examiner dans quelle mesure le portrait psychologique des hommes souffrant de dysmorphie musculaire ressemble à celui des femmes souffrant d’anorexie. L’étude est supervisée par Catherine Bégin, professeure à l’École de psychologie.

«Certains spécialistes pensent que la bigorexie serait un trouble anxieux, mais on considère de plus en plus qu’il s’agit d’un trouble du comportement alimentaire», explique la doctorante. Cet état ne figure pas encore dans la bible des troubles mentaux, le DSM (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders).

«Non seulement la personne ne peut pas s’empêcher d’aller s’entraîner, mais elle exerce un contrôle très serré sur son alimentation, poursuit Isabelle Labrecque. Une rigidité du comportement s’installe, de même qu’une préoccupation tournant à l’obsession d’avoir dérogé à la routine. Cette situation n’est pas sans avoir des conséquences sur la vie sociale et amoureuse, en plus d’influencer négativement l’estime de soi.» Par ailleurs, le taux de prévalence serait de 10% chez les culturistes et de 5% chez les hommes qui fréquentent un centre d’entraînement physique. 

Évidemment, la majorité des hommes qui fréquentent assidûment les gymnases ne sont pas tous des «Rambo» en puissance. Pour mieux connaître la façon dont les hommes voient leur corps, le Laboratoire d’évaluation et d’intervention sur la problématique du poids cherche des participants âgés de 18 à 35 ans qui s’intéressent au développement de leur masse musculaire.

Pour plus de renseignements: isabelle.labrecque.3@ulaval.ca

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