Une bourrasque de ras-le-bol, une pluie de soupirs : la météo est à la grisaille et notre moral au fond des bottes. Le temps joue avec notre humeur mais pas avec les mêmes conséquences pour chacun.
Un brin dépitée, Caroline rajoute une bûche dans sa cheminée. Pour fêter son anniversaire, cette jolie brune de 38 ans rêvait d'une belle soirée ensoleillée. Des enfants courant dans le jardin et des amis sirotant un rosé bien frais. « Résultat : ça caille, il pleut et mes invités me réclament une raclette ou une tartiflette ! » Et elle, déteste le fromage.
Bien sûr, on se dit que la terre en a besoin, que les nappes phréatiques tiquent. Mais bon sang, trois semaines de flotte, ça vous met du gris dans la tête, de la buée sur les lunettes. Et pourtant, c'est bien le moment d'y voir clair...
« Le temps a des conséquences sur nos comportements, confie Eric, médecin généraliste en Vendée. Comme en période hivernale, le manque de lumière joue sur l'humeur. Je reçois en ce moment des personnes âgées. La pluie et le froid les empêchent de sortir faire leurs courses, elles ne voient plus personne. Elles se sentent mal. » Mais ce qui inquiète davantage le médecin, c'est le raidissement du monde du travail. « Je vois un paquet de gens qui craquent au boulot. Et la pluie, si elle n'arrange rien, n'a pas grand-chose à voir là-dedans. » Sale temps...
« L'impact du tempsse fait moins sentir »
Au Canada, une étude de l'université de Manitoba, à Winnipeg, a montré que la diminution de la pression atmosphérique, annonciatrice d'une mauvaise météo, s'accompagnait d'une hausse des entrées aux urgences pour état dépressif.
« Il faut relativiser, assure Agnès Florin, professeure à la faculté de psychologie de Nantes. On dénombre dans la population seulement 3 % de personnes qui sont véritablement météosensibles. Ce sont elles qui vont souffrir d'une dépression liée aux conditions climatiques. Pour les autres, il faut se méfier des stéréotypes. On se souviendra plus facilement de la journée pluvieuse et pourrie où il nous est arrivé que des ennuis. »
Culturellement, on a toujours valorisé le soleil pour ses bienfaits. « Mais nous sommes aujourd'hui assez loin des Incas, plaisante la psychologue. Dans une société de plus en plus urbaine où, l'on passe facilement du bureau au canapé du salon, l'impact du temps se fait moins sentir. » Pourtant, que regardent plus de 17 millions de Français chaque soir assis dans leur canapé ? La météo bien sûr...
Dans notre esprit, les évocations liées au soleil auraient un impact positif. Pour preuve, cette petite étude menée par Bruce Rind, de l'université de Temple à Philadelphie aux États-Unis, et repérée par Nicolas Guéguen, docteur en psychologie et professeur en sciences du comportement à l'université de Bretagne-Sud.
Des pourboires pour du soleil
« Elle a été réalisée dans un hôtel dont les fenêtres étaient opaques et donnaient l'impression de grisaille même les jours de beau temps. Le matin, les clients prenaient leur petit-déjeuner sans avoir pu observer le ciel. Le serveur leur annonçait donc la météo du jour. »
Ensuite, il apportait les plats et recevait le paiement ainsi que le traditionnel pourboire. « Les résultats ont montré que lorsque l'employé faisait croire qu'il y avait beau soleil, il recevait 29,4 % de pourboires, contre 26,5 % s'il déclarait un temps mi-ensoleillé, 24,4 % un temps couvert et 18,8 % un temps pluvieux. »
Pour gagner dimanche prochain, nos deux candidats ont intérêt à nous annoncer des éclaircies pour les jours à venir. Hélas, la météo politique n'est pas toujours très facile à prévoir.