Vous avez déjà senti votre portable vibrer dans votre poche, vous le sortez et vouv vous rendez compte qu'il n'a reçu aucun appel ni message? Voire vous l'avez entendu sonner, sans que rien ne s'affiche quand vous le regardez? Pas de panique, non seulement vous n'êtes pas seul, mais vous êtes aussi en pleine possession de vos moyens mentaux.
Comme on l'expliquait l'été dernier, une étude publiée dans le journal scientifique Computers in Human Behavior en 2012 rapportait que 89% des participants (des lycéens), confiaient être victimes de ces vibrations fantômes. Dans une autre étude de 2010, 68% des participants au test avaient déjà fait l'expérience de ce phénomène. Et selon les deux équipes de chercheurs, environ 10% des participants ressentent des vibrations tous les jours.
Les chercheurs ne pouvaient pas expliquer pourquoi nous avions ces hallucinations sensorielles, mais le professeur de psychologie et de science cognitive à l'université de Sheffield Tom Stafford affirme aujourd'hui qu'elles illustrent un principe fondamental de la psychologie.
Dans un article sur le site de la BBC, il nous compare à une alarme à incendie ou une porte automatique: comme ces objets, notre cerveau doit émettre un jugement de perception pour décider si notre téléphone vibre ou pas. Quand notre téléphone est dans notre poche, soit il sonne, soit il ne sonne pas. Notre cerveau juge quant à lui si le téléphone sonne, ou s'il ne sonne pas. Des vibrations du téléphone devraient aller de pair avec le fait de juger qu'il sonne, pas de vibrations avec celui qu'il ne sonne pas.
Mais, explique Tom Stafford, il existe deux autres combinaisons possibles: on peut associer des vibrations avec le fait que le téléphone ne sonne pas, ou associer l'absence de vibrations avec le fait qu'il sonne, ce qui se passe dans le cas d'une vibration fantôme.
Il y a deux façons de modifier le nombre d'erreurs de jugements, selon la théorie de la détection des signaux: soit augmenter sa sensibilité à ce qu'on détecte, en augmentant la puissance de vibration du téléphone par exemple, soit faire en sorte de conclure que le téléphone sonne, que ce soit vrai ou non. Dans ce dernier cas, vous raterez moins d'appels, mais vous aurez plus de vibrations fantômes.
Tom Stafford pense que nous adoptons cette deuxième solution parce que nous aimons savoir quand notre téléphone sonne et que la plupart des gens n'aiment pas rater un appel, et conclut:
«Ressentir une vibration fantôme n'est pas une sorte d'hallucination pathologique. Cela reflète simplement nos systèmes de perception presque parfaits, qui font de leur mieux dans un monde incertain et bruyant.»
C.D.
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