Le psychologue, Serigne Mor Mbaye, a qualifié d’«abjects et gravissimes», les propos tenus par l’ancien président de la République, Abdoulaye Wade à l’encontre du Chef de l’Etat du Sénégal Macky Sall. Même si, par ailleurs, le professeur à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) estime que la réaction du pape du Sopi est une «arme redoutable dont font recours les hommes politiques pour essayer d’abattre et écorcher vif un adversaire». Il n’a pas manqué non plus de préciser qu’aucune «politique n’est à l’abri de ces valeurs réactionnaires qui traduit notre société avec ses tares et ses insuffisances».
Le professeur de psychologie à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Serigne Mor Mbaye qualifie les propos de Wade «d’abjects et gravissimes».
Il estime que l’ancien président de la République a fait usage d’une «arme redoutable dont font recours les hommes politiques depuis des lustres pour essayer d’abattre un adversaire, de l’humilier et de fonder une baisse de l’estime de soi».
Le Psychologue a précisé que la sortie de Wade révèle «un sentiment de désespérance qui habite un individu dans le contexte d’une compétition sociale. C’est un archaïsme dans l’inconscient de chaque sénégalais pour abattre l’adversaire».
Soulignant que Me Wade est allé chercher ce qu’il y’a dans chaque sénégalais pour en faire une bombe, Serigne Mor Mbaye a fait savoir qu’aucune «politique n’est à l’abri de ces valeurs réactionnaires pour écorcher vif son adversaire. Les propos de Wade traduisent notre société avec ses tares et ses insuffisances. Wade est chaque sénégalais qui, dans une certaine position sociale, cherche les armes pour dévaloriser et agresser une personne».
«LE SENEGAL EST BATI SUR DES BASES RACISTES…»
«Ce pays est bâti sur des bases racistes fondées sur la stigmatisation, la recherche de l’exclusion de l’autre. Lorsqu’un ancien chef d’Etat en parle, les gens sont stigmatisés. Dans chaque imaginaire des sénégalais, la personne qui est en situation de désespérance fait appel à des propos déplorables», explique le psychologue.
Toujours dans son argumentaire, le professeur Mbaye a laissé entendre que «les hommes politiques sont foncièrement réactionnaires et antirépublicains adossés à des valeurs les plus médiocres, c’est-à-dire tout ce qui peut blesser l’autre».
Avant de poursuivre : «sinon, ils n’auraient pas pillé le pays et faire usage de stigmatisations. Cela montre que le Sénégal est loin d’être une société juste, bâtie sur la justice sociale et la méritocratie».
SON AGE AVANCE N’Y EST POUR RIEN
Si Wade est animé par un sentiment de désespoir et fait feu de tous bois, il n’en demeure pas moins, souligne le psychologue, que l’ancien président jouit de toutes ses facultés malgré son âge avancé.
Pour le psychologue, «Wade n’est pas atteint d’Alzheimer. Il a fait usage publiquement d’armes et de missiles basées sur le subconscient des sénégalais. Cela montre que les élites politiques font usage à des idéologiques archaïques pour abattre l’adversaire».
LOIS REPUBLICAINES ET PROJET DE SOCIETE
Si le psychologue s’accorde à dire que de tels propos sont distillés de façon plus ou moins insidieux à travers la presse, il urge, a-t-il indiqué, de mettre sur pied des « lois républicaines pour réprimer toute stigmatisation et les valeurs réactionnaires et antirépublicaines qui irriguent les relations sociales, les Institutions ».
«On devrait de punir les gens qui traitent quelqu’un de sorcier, d’anthropophage. Il faut dénoncer cette société arriérée, conservatrice où les élites politiques n’ont jamais opéré de rupture. On peut trouver dans la généalogie de chaque individu un élément trouble, fondé sur des idéologies archaïques», propose M. Mbaye.
Au-delà de la mise sur pied des garde-fous pour éviter toute dérive, Serigne Mor Mbaye préconise aussi la définition et la mise en œuvre de nouveaux paradigmes d’un projet de société fondée sur des valeurs républicaines.
Ainsi, explique-t-il, pour «combattre toutes les idéologies qui sapent les valeurs d’une société». «Les sénégalais continuent de croire que quelqu’un peut manger quelqu’un. Nous sommes dans un contexte où il faut travailler pour retourner à nos valeurs», souligne-t-il.
SUD QUOTIDIEN