Sarkozy ou comment humilier un journaliste qui pose une question …

Dernièrement, les journalistes embedded de l'Elysée ne cessent de vanter (dans les petites conversations entres confrères, dans les coulisses des émissions de débats audiovisuels, entre un passage radio ici et un passage télé là), les qualités de Nicolas Sarkozy en campagne.

 

Nicolas Sarkozy au sommet européen du 09/12/11, à Bruxelles. (GEORGES GOBET / AFP)

Nicolas Sarkozy au sommet européen du 09/12/11, à Bruxelles. (GEORGES GOBET / AFP) 

 

Mordre plutôt que répondre : une technique efficace

 

La formule employée est toujours la même : "Ce n'est pas un bon président, mais en campagne, il sera formidable". Et de glorifier les qualités de communicant de leur président, soulignant combien la communication et la campagne de François Hollande relèvent encore d'un amateurisme semblable à celui dont faisait preuve la vieille Commission de la propagande du Parti socialiste à la fin des années 70.

 

Et puis hier, à Madrid, on a pu assister à cette séquence incroyable : Nicolas Sarkozy refusant de répondre à une question sur la perte du triple A, humiliant au passage le journaliste qui avait osé poser la question qui fâche.

 

Agence de notation : le triple tacle de Sarkozy à un journaliste

 

Cette séquence se passe de long décryptage. Pour aller droit au but, on soulignera qu'elle révèle l'actuelle et invraisemblable fragilité du président français qui, poussé dans ces retranchements par une question anodine, naturelle et somme toute normale, affiche une incommensurable difficulté à garder la maitrise de ses nerfs (Ah ! ce sourire crispé !).

 

Il a donc recours à la bonne vieille méthode des chefs d’État lorsqu'ils sont en difficulté dans ce genre de circonstances : l'humiliation du journaliste par la mise en doute publique de son intelligence et de sa compétence.

 

Quand on en est là, à ce degré de pauvreté argumentaire, et qu'on en est réduit à exprimer un rapport de force fonctionnel pour asseoir son autorité, c'est que l'on sent que les choses vous échappent. Le problème, c'est que ceux qui vous regardent le sentent également. On ajoutera à cela que très visiblement, le narcissisme de Nicolas Sarkozy semble avoir atteint son point culminant.

 

Humiliations publiques des journalistes : Sarkozy n'en est pas à son coup d'essai

 

Dommage que cette séquence n'ait pas vraiment eu les honneurs des journaux télévisés de 20 heures. Le 20 heures de France 2 en a diffusé... 6 secondes ! Dans ces conditions, comment s'étonner du succès du Petit journal de Yann Barthès ?

 

Mais la séquence d'hier en évoque une autre, vieille de deux ans. Souvenez-vous : le 16 juin 2009, au cours d'une conférence de presse à Bruxelles, un journaliste avait posé une question au président français sur les débuts de ce que l'on appelle aujourd'hui "l'affaire Karachi", affaire qui,  jour après jour, met en difficulté nombre de personnages et proches de l'actuel président ayant participé à la campagne présidentielle Balladur 95.

 

Ce jour-là, Nicolas Sarkozy, interrogé sur un sujet susceptible de le mettre en cause personnellement, avait utilisé la même ficelle qu'hier, avec la même difficulté à masquer sa souffrance narcissique, son embarras et son défaut de maitrise : l'humiliation publique du journaliste insolent.

 

Karachi : Sarkozy parle de "fable" (19/06/09) par Nouvelobs

Peut-on continuer à dire "Sarkozy n'est pas un bon président, mais ce sera un formidable candidat" après l'épisode d'hier et le rappel de ce que fut la sortie relative à Karachi ?

Qu'en sera-t-il dans une campagne où, quand le temps sera venu de se déclarer candidat, le roi sera enfin nu, dépouillé de ses habits de lumière élyséens, et son narcissisme soumis à la plus rude épreuve qui soit ?

 

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