Lorsque je suis invitée par des structures, organismes de formation ou autres afin d’informer les personnes en présence sur l’intervention en psychologie du sport et les raisons qui devraient conduire les instances concernées à éduquer les sportifs sur ce versant, une partie importante de ma présentation est consacrée au « Pourquoi ça marche ? » D’abord, pour en finir avec les croyances et idées reçues sur les questions du mental, ensuite pour mettre en avant les aspects scientifiques qui justifient ce travail et sont malheureusement trop peu connus. Parmi les arguments avancés :
- Les travaux qui démontrent la possibilité pour l’athlète d’apprendre à maîtriser les facteurs psychologiques et émotionnels qui influencent ses performances sont présentés.
- La possibilité de développer nos habiletés mentales et d’apprendre à les maîtriser est détaillée.
Et
- L’idée selon laquelle le pouvoir de l’esprit nous dépasse est discutée.
Sur cette question, l’ouvrage de Thierry Janssen « La solution intérieure » (2006) est une référence de choix. Dans un chapitre intitulé : « Embarrassant : l’effet placebo » (p.33-49), ce Docteur en médecine, chirurgien et psychothérapeute spécialisé dans l’accompagnement des maladies du corps, allie récits de vie et études scientifiques pour susciter curiosités, interrogations et prises de conscience sur le pouvoir de l’esprit, son influence sur le corps et la guérison. Après avoir argumenté sur l’existence réelle de l’effet placebo et précisé que ce dernier n’est pas réservé aux « malades imaginaires », Thierry Janssen fait valoir que « l’idée que se fait le malade à propos de l’efficacité d’un traitement influe sur le cours de sa guérison » (p.39). Ce mécanisme s’actualise de façon différente selon le contexte culturel : « dans l’environnement thérapeutique occidental, le nombre de pilules prescrites, leur taille et leur couleur influencent le résultat obtenu. Par exemple, on a constaté que la prise de deux comprimés d’un placebo est plus efficace que celle d’un seul. (…) Par ailleurs, les gélules et les capsules sont perçues comme plus bénéfiques que les comprimés. Les comprimés blancs, bleus et verts apaisent. Les jaunes, les rouges et les oranges stimulent » (op.cit.).
La suggestion induite par le personnel médical, la conviction du soignant dans la pertinence du traitement, les attentes du patient et l’idée qu’il se fait sur l’efficacité du traitement apparaissent comme des éléments importants dans l’émergence de ces mécanismes.
A la lecture de ces pages, même les plus sceptiques sont nécessairement conduits à s’interroger, à faire des liens avec des expériences vécues par eux-mêmes ou par leur entourage. L’esprit a un pouvoir qui nous dépasse. L’autosuggestion et la suggestion induisent des effets fascinants. Pourquoi se contenter de laisser au hasard leur possible apparition ? De quoi avons-nous peur lorsqu’il s’agit d’admettre le pouvoir sous-estimé de notre esprit et son influence sur le corps? Si la santé est un domaine où il semble fondamental de connaître les liens qui unissent l’esprit et le corps afin de se donner de meilleures chances de guérison, le sport de haut niveau en est un autre. Comment des femmes et des hommes qui sollicitent leur corps au point d’en gommer les limites et vivent des pressions physiques et psychologiques intenses pourraient-ils faire l’économie de ces connaissances ? Pourquoi faudrait-il nécessairement qu’ils les acquièrent par la seule expérience ?
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