Voulez-vous participer à une expérience de psychologie, basée sur un questionnaire en relation avec l’élection présidentielle ? Ce n’est pas un gag. C’est même une expérimentation scientifique sérieuse, menée par le laboratoire de psychologie de l’Université de Lorraine, à Nancy.
Trois chercheurs, Vincent Berthet, Jean-Luc Kop et Louis Barthélemy, ont mis au point un test, réalisable sur internet, et qui n’est valide qu’entre les deux tours. Juste pour une question de commodité : le nombre de candidats est réduit à deux et les clivages plus marqués.
L’expérience porte sur les préférences envers les candidats, leur parti respectif, puis arrivent neuf questions relatives aux attitudes politiques. Les réponses autant que le temps de réponse sont analysés. « Une attitude est un avis ou une opinion envers quelqu’un ou quelque chose. J’aime ou j’aime pas, une information en termes de positivité ou de négativité. Ca n’est pas quelque chose qu’on peut observer directement », résume Vincent Berthet, enseignant chercheur. « C ette expérience s’inscrit dans la problématique " relation attitude comportement ", poursuit-il. Il s’agit de voir si, à partir des attitudes, on peut prédire des comportements réels, en l’espèce, le vote ».
Au cours de l’expérience, on constate que la relation entre attitude et comportement n’est pas exactement superposable. D’où la difficulté à produire des sondages fiables, on l’a vu !
Racisme inconscient
« Les sondeurs mesurent l’attitude des gens en les interrogeant. C’est le déclaratif. Nous, on ajoute les attitudes implicites, dont les sujets n’ont pas conscience. C’est surtout vrai avec l’électorat du FN : les gens ne disent pas tout et les sondeurs corrigent. »
Le meilleur exemple de dissociation entre l’opinion consciente et l’opinion inconsciente est confirmé par une étude conduite aux États-Unis dans les années 90 sur le racisme inconscient. « À la question " êtes-vous raciste ", les gens avaient répondu non au niveau conscient. Mais si on mesurait leur opinion inconsciente, la plupart affichaient en fait un préjudice racial inconscient », explique le chercheur.
M. R.