PSYCHOLOGIE - J’ai passé des années à me battre contre mes angoisses. Mais comme toute les meilleures ennemies, elles me rendent parfois plus forte. Je dis souvent de mon anxiété qu’elle est la plus loyale de mes meilleurs ennemis. Les 40 millions d’Américains (et les 15 à 20% des Français) qui souffrent d’anxiété savent que la surmonter est un travail de tous les instants.
C’est une sensation physique, dévorante, parfois insupportable qui dégrade les relations personnelles, nous fait ressentir les douleurs psychologiques dans notre chair, influe sur la façon dont nous prenons des décisions et – de façon générale – nous complique vraiment l’existence.
J’ai passé des années à pester contre mon anxiété, en espérant qu’elle disparaîtrait à jamais. Malheureusement, ce n’est pas comme ça que ça marche pour la grande majorité des gens, et certainement pas pour moi. Mais, ces dernières années, en m’y confrontant, en l’observant et en écrivant à son sujet, je me suis rendue compte qu’elle ne m’avait pas seulement miné de l’intérieur, mais qu’elle s’était aussi révélée utile, comme une force secrète. Je l’ai compris tout d’un coup, en lisant une BD sur Tumblr où l’anxiété était présentée comme un super-pouvoir qu’il fallait maîtriser.
Apprendre à faire preuve de compassion envers cet aspect de moi-même a été difficile mais inestimable. Cela m’a également permis de savoir comment l’utiliser au mieux. La vraie difficulté, c’est de départager le bon du mauvais, et d’identifier les comportements à adopter ou modifier, avec l’aide d’un bon thérapeute, bien sûr.
J’ai 99 problèmes. A la louche, disons que 80 d’entre eux sont dus à ma phobie sociale.
Six façons de transformer votre anxiété en arme secrète:
1. Elle peut améliorer la productivité.
Quand j’étais plus jeune, je n’ai jamais rendu un devoir en retard ou manqué de réviser pour un partiel. La bouffée d’anxiété qui m’attendait si je ne me préparais pas correctement était bien pire que l’effort de se mettre au travail.
Cela m’a permis d’obtenir de très bons résultats et d’être une élève modèle. À l’approche de la trentaine, j’ai appris à la diriger vers mon travail et à m’en servir pour avancer efficacement au moment d’une deadline ou d’une tâche de dernière minute.
2. Elle peut s’avérer très utile dans notre parcours professionnel.
L’une des pires choses avec l’anxiété, c’est qu’elle peut vous rendre prisonnière de votre propre cerveau, ce que j’ai maintes fois ressenti au fil des années. Résultat: je me fais des films compliqués (et souvent faux) sur des situations de la vie réelle, ce qui n’est pas très agréable. En revanche, cela permet de formuler des idées et des phrases intérieurement avec beaucoup d’aisance, que je transforme ensuite en essais et en articles.
Je suis convaincue que mon anxiété m’aide à faire glisser les mots sur la page, ou plutôt sur l’écran, quand je suis particulièrement inspirée. Vive le monologue intérieur!
3. Elle peut donner une vision plus claire des conséquences de nos choix…
Bien que mon anxiété soit clairement un obstacle lors de prises de décision rapides, elle m’aide à anticiper ce qui pourrait se passer. Si le recul vaut de l’or, la prévoyance, elle, n’a pas de prix.
4. … et donc faire de nous un.e dirigeant.e plus compréhensif.ve.
Se trouver à un poste de dirigeant n’est jamais aisé et l’anxiété – surtout si elle n’est pas traitée – peut indéniablement compliquer la gestion des ressources humaines. À 21 ans, j’ai eu l’occasion de diriger un grand nombre de personnes. J’avais constamment l’impression de ne pas m’en sortir.
En vieillissant, et en apprenant à gérer mon anxiété de façon plus efficace, j’ai appris à être meilleure dirigeante. Cette histoire m’a également rendue plus sensible à ce que mes collègues peuvent ressentir ou traverser. Anticiper la manière dont nos actes – ou les situations dont nous ne sommes pas responsables – ont des conséquences sur les autres peut s’avérer très utile lorsqu’on dirige une équipe.
5. Elle peut développer votre empathie.
Mon anxiété me pousse à imaginer des histoires complexes sur les autres et sur la façon dont je pourrais ou devrais réagir vis-à-vis d’elles, ce qui peut être franchement fatigant. Mais cela m’a aussi permis de mieux imaginer ce que d’autres pouvaient ressentir, et de mieux communiquer. Après tout, le plus important n’est-il pas d’aller vers les autres et de tenter de les comprendre?
6. La comprendre peut faire de vous un.e ami.e plus attentif.ve.
Quand on fait le point sur sa propre santé mentale et que l’on essaye de mieux en saisir le fonctionnement, on repère aussi quelques mécanismes de survie bien utiles. J’ai partagé ces outils avec certains de mes amis (uniquement quand on me l’a demandé, bien sûr, car il n’y a rien de plus ennuyant que quelqu’un qui essaye de jouer les psys). La thérapie m’a aussi aidé à ne pas déverser tous mes problèmes sur mes amis, ce qui nous permet d’entretenir des rapports plus sains.
Cet article, publié à l’origine sur le Huffington Post américain, a été traduit par Laura Pertuy pour Fast for Word.
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