Boire de l’alcool fait-il se sentir beau? Le prix «anti-Nobel», les Ig Nobel 2013, ont décerné jeudi 12 septembre le prix de psychologie une équipe de chercheurs Français qui ont étudié la corrélation entre degré d’alcoolémie et narcissisme. Si le sujet de recherche peut paraître étrange, voire totalement absurde, c’est précisément parce qu’il s’inscrit dans la tradition de ce concours scientifique insolite de l’université d’Harvard, qui s’est donné depuis 1991 pour mission de faire rire, pour faire réfléchir, ensuite. Car le résultat auquel les chercheurs du Lip de Grenoble sont parvenus, lui, est une vraie découverte.

«En psychologie, aucun Français n'avait encore reçu d'Ig Nobel, ça nous a bien fait rire quand on a appris la nouvelle», raconte  Laurent Bègue, directeur du laboratoire inter-universitaire de psychologie (Lip) de Grenoble, le même département que les lauréats des Ig Nobel, cité par l’AFP. Les chercheurs sont ainsi parvenus au prix d’un travail des plus scientifiques à montrer non seulement que l’on se trouve effectivement plus beau quand on boit, mais aussi que cela n’est pas directement lié aux effets de l’alcool, mais plutôt à une sorte d’effet placebo.

Pour parvenir à leur étude, intitulée, en anglais, «Beauty is in the eye of the beer holder» («La beauté est dans les yeux du de celui qui tient la bière», ndlr), les chercheurs sont allés sur le terrain: ils ont demandé à 19 clients d’un bar grenoblois de noter de 1 à 7 à quel point ils se trouvaient beaux, intelligents, originaux et drôles. Leur alcoolémie était ensuite mesurée. Résultat: plus ils étaient ivres, plus ils se sentaient séduisants. Dans un deuxième temps, ils ont recruté 94 cobayes par petite annonce. 

«Tout le monde croît que l’alcool désinhibe»

Un groupe recevait une boisson alcoolisée, et l’autre, une boisson similaire, au même goût, mais cette fois-ci sans alcool. Subtilité de l’expérience, le scientifique disait à un certain nombre de personnes des deux groupes que leur verre contenait de l’alcool. Les autres l’apprenaient à l’issue de l’expérience. Les deux groupes ont été ensuite testés comme lors de la première étape. Résultat: Les personnes qui croyaient avoir bu de l’alcool se trouvaient nettement plus séduisantes, même si leur verre était sans alcool.

«Cela peut sembler anecdotique mais ça soulève en réalité de vraies questions de recherche», poursuit le chercheur. En réalité, selon l’étude, ce n’est pas tant l’alcoolémie qui augmenterait l’assurance que la croyance dans le fait d’être alcoolisé. L’édition 2013 des Ig Nobel est en tout cas parvenu cette année encore à son objectif: faire rire, intriguer, mais peut-être aussi déboucher sur d’importantes avancées dans un futur pas si lointain.