Nouveaux enfants, nouveaux parents

Ces trente dernires annes ont fait merger une nouvelle psychologie de l’enfant qui intgre les rcentes dcouvertes en neuroscience, sciences cognitives et sociologie. Pour s’en rendre compte, on pourra lire avantageusement le dernier n° de la revue « Sciences humaines » qui fait le point sur ces dcouvertes : « Psychologie de l’enfant : tat des lieux » - Mensuel N°259S - Vient de paratre. Il apparait que nos parents avaient une perception de l’enfant o intuitions, bon sens et ides poses a priori s’articulaient et leurs attitudes ducatives s’en trouvaient forcment influences.

De nos jours ces dcouvertes scientifiques, diffuses et popularises pourraient exercer une autre forme d’influence auprs des futurs et jeunes parents. Ceux-ci pourraient advenir comme parent dans des conditions culturelles toutes autres. Cette Rvolution se prsente sans que l’on puisse en dfinir prcisment ses contours. On peut formuler l’hypothse que l’ducation qui dcoulera de cette rvolution, influencera une sant plus efficiente auprs des futures gnrations. Ce courrier ambitionne d’apporter, en toute humilit, quelques rflexions qui pourraient tre critiques sur les principes et les mthodes de la diffusion de cette nouvelle ducation gnratrice de sant et de bien-tre.

On pourrait accepter l’ide qu’au moins trois sphres d’influences interfrent auprs de chaque parent lorsque celui-ci duque son enfant.

1) La sphre religieuse ou de la foi, mme pour ceux qui rejettent toute religion. Il s’agit, mme, pour ces derniers d’une autre forme de croyance.

2) La sphre philosophique qui anime les ides communment appele : « le sens commun » ou encore « le bon sens », qui confre comme critre de vrit l’efficacit pratique (ou pragmatique).

3) Balbutiante du temps de nos aeux, la sphre n° 3, lie aux apports de la science nous renseignent sur la nature humaine. Ces apports sont actuellement trop souvent confins dans les Centres de Recherche. Cette revue notamment, mentionne plus haut, a pour but de diffuser et rendre populaires ces dcouvertes qui nous font dcouvrir un « nouvel » enfant. C’est dans cette perspective de diffuser ces savoirs et de les rendre populaires que se situe l’quipe du CEVOI (Centre d’Etudes du Vivant de l’Ocan Indien), dans notre dpartement.

On pourrait galement s’accorder penser que la logique de ces trois sphres rechercheraient le bien tre et une certaine harmonie. Comment dans ces conditions, ces trois sphres peuvent tre approches de faon respectueuse, sans que l’une ou l’autre se sente « agresse » ou « ignore » ? On pourrait considrer que chacun d’entre nous est la recherche de la connaissance ou d’une certaine vrit pouvant guider sa vie. Ds lors, nous serions a priori ouverts des informations qui nous rendraient plus actifs, plus vivants, plus autonomes, et en consquence en meilleure sant. Alors que nous proposons de dfinir la sant par : « dsir, plaisir, et rapport actif avec l’environnement ». Toutes les suggestions s’inscrivant dans cette perspective seraient les bienvenues et susceptibles d’entrainer soutiens et adhsions.

C’est ainsi que nous imaginons prochainement de diffuser auprs de futurs et jeunes parents des lments d’information sur le dveloppement biologique et la psychologie de l’enfant mobilisant la sphre n° 3. La diffusion de ces informations fiables aurait pour intention premire d’apporter des connaissances prouves de manire exprimentale afin de dynamiser les parents dans leur fonction parentale. Pour cela, lors de cet apport, aucun jugement ne devrait tre vhicul explicitement touchant les deux autres sphres 1) et 2) dsignes plus haut.

Une confiance a priori l’intelligence du parent

On devra veiller viter de porter tout jugement sur les croyances ou les certitudes d’autrui. Et cela, mme si un avis de spcialiste devait tre sollicit, car celui-ci serait (ou pourrait tre) assimil aussitt un jugement. Le passage de l’appropriation de ces informations une pratique ducative comporte le risque de porter un jugement lors de son application une situation concrte. Nous faisons, en effet, confiance a priori l’intelligence du parent dans sa perception des besoins singuliers de son enfant lorsqu’il est en interaction avec lui. Grace ses observations au quotidien, il possde des informations sur son enfant que le spcialiste ne peut connatre. Par le ressenti et l’prouv, le sens empathique du parent se dveloppe rciproquement avec celui de son enfant. Et l’enfant est lui-mme porteur d’informations sur ses besoins et sa psychologie. Passe la priode critique des deux premires annes, l’enfant, accdant au langage parl, est libr dans ses capacits expressives.

Aprs ce transfert d’informations fiables sur le dveloppement des enfants, et la mise en vidence de cette nouvelle psychologie, la mthode utilise devrait gnrer la confrontation de points de vue et susciter bon nombre de dbats, suscitant une homostasie socioculturelle (quilibre des ides et du corps). Ces informations seraient « traites » par les sphres 1 et 2. Des prises de conscience et des reconsidrations adviennent. Il s’agit de faire merger, le plus souvent possible, suite chaque question pose, l’ensemble du questionnement sous-jacent sans imposer une rponse d’expert. C’est la pratique de la maeutique de Socrate mise au service des parents, afin qu’ils adviennent, par eux-mmes, tre parents suivant leur libre arbitre tay par des informations fiables. Lorsque de nouvelles informations, non pas fiables, mais hypothtiques devaient tre avances sur les besoins des enfants, il serait opportun de susciter de nouveaux questionnements sans avancer une rponse dfinitive. Nous considrons le parent comme tant mme de trouver, par lui-mme, sa rponse. L’animateur, dans son rle de diffuseur des connaissances fiables sur la psychologie de l’enfant, ne se prsente pas comme omniscient, ce qui serait d’ailleurs faux ! « La vrit est biodgradable » dirait Edgar Morin, comme les thories d’ailleurs ! Solliciter d’autres spcialistes, biologistes, sociologues, psychologues, psychanalystes, hommes d’glise ou philosophes lors de forums, par exemple, deviendrait une habitude.

Si notre culture intgrait ce qu’apportent les sciences qui gnrent des points de repres fiables, nous serions plus dans l’exercice de notre tre parent, chercheurs potentiels, cratifs et rceptifs mme de percevoir l’intelligence originelle, dj prsente chez l’enfant ds les premires secondes de sa conception et donc susceptibles, peut-tre, de ne pas entraver son dveloppement.

Nous croyons en effet beaucoup la rflexivit, et beaucoup moins la pdagogie en la matire, cette dernire engendre « quelque part » une soumission aux possibilits cratives de chacun. La rflexivit sollicite la conscience et engendre naturellement une communication implicite de chacun avec son propre inconscient. D’ailleurs de nos jours, la nouvelle conception de l’inconscient fait apparatre celui-ci comme prodigieusement intelligent.

Tout cela tant trs srieux, n’oublions pas les trois « H » : Humilit, Humanit, Humour.

L’quipe du CEVOI
Saint-Denis de la Runion

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