Le Nasdaq Composite gagne plus de 30% depuis ses plus bas d’il y a six mois, il progresse de plus de 17% depuis le début de l’année. Le Nasdaq a clôturé au-dessus des 3.000 points pour la première fois depuis la bulle Internet. Plus globalement, les indices américains ont regagné des seuils psychologiques importants… Pensez-vous que cette hausse rapide des marchés américains est irrationnelle ?
En fait, ce mouvement est assez logique compte tenu de la forte baisse et rapide passée.
Le point bas a été atteint en décembre, moment où la BCE a lancé son LTRO, et a rassuré les marchés en évitant le « credit crunch » en Europe. A partir de ce moment, qui a été suivi en janvier par l’accord sur la Grèce, on est entré dans une autre psychologie de marché : de « tout va s’effondrer, rien n’est fait de la part des instances gouvernementales ni de la BCE » à « il y a quelque chose de positif qui est fait, qui va permettre aux grandes banques européennes en situation de stress de se refinancer et de participer à l’effort de guerre en achetant de la dette ». Les taux d’emprunt long terme et moyen terme de l’Italie, de l’Espagne, du Portugal ou de la France se sont donc détendus et le stress sur les marchés a diminué.
Les marchés qui avaient fortement corrigé avec des PER autour de 10-11 sont devenus, comme intitulés aux Etats-Unis, des « bargains ». Les investisseurs ont concentré leurs achats sur les grands secteurs cycliques et les valeurs financières qui avaient été massacrés en octobre-novembre. Le secteur technologique est reparti à la hausse après la forte baisse qui a suivi les inondations thaïlandaises.
On constate en fait un effet élastique : quand la pression diminue et que le risque s’éloigne, les marchés rebondissent fortement.
Aujourd’hui, le SP 500 valorise un peu plus de 13 fois les bénéfices 2012 et 12 fois les bénéfices 2013 attendus… Ce sont des niveaux qui restent acceptables. On est très loin des niveaux historiques, mais c’est vrai qu’à court terme, nous sommes plutôt en haut du range.
Une poursuite haussière est-elle probable selon vous, ou pensez vous que les marchés soient mûrs pour une consolidation ?
Je pense que le SP 500 peut encore atteindreles 1.450 points, niveau qui pourrait alors déclencher une pause. Mais je ne pense pas qu’il faille s’attendre à une baisse de 10%.
Vous êtes donc positif pour cette année…
Absolument. Nos prévisions situent le SP 500 autour de 1.480-1.500 points, voire 1.550.
Quelles sont vos valeurs préférées ?
Nous nous intéressons aux grandes capitalisations et aux grandes valeurs internationales, qui allient croissance et visibilité, avec des parts de marché suffisantes et de fortes liquidités pouvant permettre des acquisitions. Nous apprécions Qualcomm pour son exposition à l’iPad d’Apple, Visa, Western Union, Oracle ou encore Schlumberger.
Justement, Apple alimente la hausse du Nasdaq et du SP depuis le début d’année. Qu’en pensez-vous ?
Nous sommes sous-pondérés sur la valeur compte-tenu de sa surperformance. De plus, une simple annonce décevante sur les ventes de l’iPad pourrait entraîner une forte correction du titre et, plus globalement, des valeurs technologiques.
Quels sont les prochains tests pour les marchés américains ?
Il y a aujourd’hui trois risques. Le premier : rien n’est résolu en Europe. Les situations en Espagne et, plus inquiétant, celle du Portugal constituent un frein à la hausse. De même, les élections françaises vont paralyser le pays jusqu’en juin.
Le deuxième concerne le risque au Moyen-Orient qui pourrait entraîner un choc d’approvisionnement pétrolier. Vendredi, ces craintes se sont illustrées dans la publication de l’indice de confiance du consommateur américain, inquiet du prix du gallon à la pompe actuellement autour de 3,80-3,85 dollars. Le franchissement du seuil des 4 dollars aurait un impact fort sur le consommateur. Les craintes sont prises au sérieux puisque MM. Obama et Cameron réfléchissent à puiser dans les réserves de pétrole d’urgence.
Et enfin,le troisième risque concerne le ralentissement économique chinois. La Chine est actuellement dans une phase de transition à travers son plan quinquennal qui vise notamment à créer de la richesse pour le consommateur. Aujourd’hui, la richesse chinoise est détenue par les entreprises. N’oublions pas que le développement de la Chine s’est fait en 10 ans, là où les pays développés ont mis 25 ans. Elle a maintenant besoin de souffler.
Quid de l’immobilier et de l’endettement américain ?
S’agissant de l’immobilier, si l’on retraite les chiffres des saisies, le secteur tend à se stabiliser. D’ailleurs, l’évolution du tracker SP Homebuilders démontre un retour à la confiance des investisseurs sur ce secteur.
Concernant l’endettement, à la différence de l’Europe, les Etats-Unis se sont laissés le temps, de régler le problème grâce au vote sur le relèvement du plafond de la dette.
L’une des raisons invoquée pour expliquer la hausse des marchés européens, est le spread de variation qui existe avec les marchés américains… Un rattrapage des indices européens basé sur ces considérations de spread vous paraît-il crédible ?
En devises locales, les indices européens et américains ont globalement les mêmes performances. Et, actuellement nous sommes dans une phase d’appréciation du dollar, permis notamment par la fin d’un cycle incitatif de la Fed.
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