Mon psy est un chien


Thérapeute. Voilà le job de Max, le chien de Rachel Lehotkay, docteure en psychologie spécialisée en zoothérapie.


Une thérapie assistée par l'animal. C'est l'idée de la zoothérapie. «L'animal fait partie du monde spirituel et physique des humains depuis des millénaires», explique Rachel Lehotkay, psychologue-zoothérapeute aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).

Certes, mais pourquoi le chien? «C'est le premier animal à avoir été domestiqué, au début c'était d'ailleurs plus pour l'affection que pour la chasse.» Et les chiens sont plus sociables que les félins, qui sont solitaires. Max est un labrador, «une race connue pour être calme et aimer tout le monde». Pour être thérapeute, un chien doit être évalué et éduqué. «J’ai suivi 4 ans d'éducation canine avec Max», précise la psychologue. Qui ajoute:

«On s'attache aux animaux de compagnie, ce sont comme des enfants. Je dirais même que l'animal est un enfant perpétuel, un stimulus de l'attachement. C'est un animal social, on peut projeter sur lui et il provoque un comportement maternel. Qui permet aussi de recevoir et d'exprimer de l'attention.»

Médiation via l’animal
Comment un chien devient-il thérapeutique? On l'utilise pour des thérapies complémentaires, de médiation. L'animal devient alors un auxiliaire qui facilite le lien thérapeutique. Un intermédiaire, un médiateur entre patient et thérapeute. Concernant cette création du lien thérapeutique, la psychologue précise que «les patients veulent voir Max» et qu’elle n’est elle-même que celle qui tient la laisse. C'est le chien qui prime. Mais l'animal reste un adjoint thérapeutique, il ne remplace pas la relation entre deux humains.

A Genève, cette thérapie est surtout utilisée chez des adultes avec un handicap mental:

«Ces gens souffrent de troubles du comportement liés à des difficultés de communication et à de l'isolement. La thérapie à médiation animale permet de réduire ces troubles. Ces patients sont des personnes non verbales pour qui l'aspect lien et communication est important. Le chien est une source de motivation sensorielle, motivationnelle, socialisante. Promener Max, cela suscite contact et activités. Et le stimulus est positif car multisensoriel: sons, odeur, vision (un chien attire l'attention), toucher (la fourrure est agréable à caresser). On peut vraiment parler d'effets bénéfiques tant physiologiques que psychologiques liés à la compagnie des animaux.»

Autisme et zoothérapie
La zoothérapie est aussi utilisée pour l'autisme. Rachel Lehotkay:

«Dans cette pathologie, l'importance de la stimulation sensorielle n'est plus à démontrer car le patient souffre de repli sur soi. Le chien permet donc de l'aider à se tourner vers l'extérieur, d'apprivoiser le contact physique et de développer des aptitudes sociales. La zoothérapie permet la médiation entre le rejet des contacts sociaux et l'acceptation des relations interpersonnelles. Ce qui permet de diminuer la tendance au retrait des autistes et les comportements inappropriés, comme les automutilations, les mouvements stéréotypés tout en augmentant les comportements sociaux appropriés grâce au contact visuel, à l'imitation des gestes.»

Comment se passent les séances? Elles sont hebdomadaires, de 30 minutes ou d'une heure, en groupe ou individuelles:

«Dans mon groupe d'autistes avec retard modéré, je place mon chien Max au centre de la pièce sur un tapis rouge pour qu'il focalise l'attention. Au fil des séances, les patients ressentent un sentiment d'utilité et de responsabilité quand ils promènent Max. Et pour un enfant mutique qui va parler au chien, cela lui permet de restaurer une connexion saine via une relation avec des animaux. Le chien fait office d’objet transitionnel: quand ils disent “Max est triste”, les patients parlent d'eux via le chien, c’est un moyen de faire sortir l'émotion. En outre, ce sont souvent des patients très médicalisés, qui voient beaucoup de médecins. Leur proposer le chien, c'est différent!»

Cécile Aubert

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