« Mon fils fait croire à tout le monde qu’on a un chien. Est-ce grave ? », s’interroge cette mère d’un garçon de 4 ans, à l’Atelier des parents (1). « Tout parent est confronté à cette question du mensonge, un jour ou l’autre », assure Nadège Larcher, psychologue et formatrice dans cette structure.
Les psychologues s’accordent à distinguer en fonction de l’âge de l’enfant. Avant 3 ans, il n’y a pas d’intentionnalité, car l’enfant vit tout dans l’immédiat. Entre 3 et 6 ans, l’idée de mensonge apparaît, sans dimension morale : on parle de « pensée magique ». L’enfant évoque ce qu’il voudrait et ce qui pourrait se passer. « Sa capacité cognitive ne fait pas trop la différence entre la réalité et ce qu’il prend pour la réalité », estime Nadège Larcher. « D’où l’importance de reformuler : “Tu aimerais avoir un chien à la maison, c’est ça ?” Au fur et à mesure, on fait comprendre ainsi à l’enfant ce qui relève de la réalité et ce qui relève de son désir. » Or les adultes sont parfois complaisants avec l’histoire du Père Noël ou de la petite souris… « Lorsque l’enfant déclare : “À la récré, on m’a dit que le Père Noël n’existait pas”, les parents vont-ils répondre “Mais si, mais si” ou bien “Et toi, qu’en penses-tu ?” »
Inès ne comprend pas. Son fils de 11 ans lui raconte souvent des bobards : il prétend s’être lavé les dents alors que la brosse reste archi-sèche, il assure avoir ouvert la porte après avoir regardé dans l’œilleton inaccessible pour sa taille, etc. « Je comprends d’autant moins que je ne le gronde pas, s’agace sa maman. J’essaie seulement de lui expliquer que, s’il ment, je ne pourrai pas le savoir quand il dit vrai, je ne pourrai pas lui faire confiance. Et si je le mets devant ses contradictions, il s’enferre, au lieu de reconnaître son tort ! »
Que se passe-t-il lorsqu’un enfant dissimule la vérité ? « Le mensonge est un symptôme. Il veut dire quelque chose », affirme Virginie Tesson, médecin devenue thérapeute, formée à l’école du Père Jean Monbourquette qui allie psychologie et spiritualité. L’enfant peut choisir la facilité par paresse, pour se démarquer de la fratrie ou de ses camarades, par difficulté à reconnaître ses échecs, par besoin d’intimité (un adolescent dira facilement qu’il est allé en ville, mais ne dira pas forcément avec qui), par peur ou mécanisme défensif… « L’enfant ment lorsqu’il pense que la vérité ne peut être reçue. Soit il a une faible estime de soi et croit qu’il doit présenter une image idéale de lui sous peine de ne plus être aimé. Soit il craint l’adulte, qui pourrait le juger, le condamner et le punir », explique Virginie Tesson.
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