Plongez-la dans des livres, exigez qu'elle démontre les mêmes aptitudes en classe et elle affichera la même force de caractère. Elle a mis les bouchées doubles pour revenir de la prestigieuse Université Harvard avec un diplôme en psychologie.
C'est connu, la Sherbrookoise Sarah Vaillancourt est une femme déterminée.
Je vous bavasse par contre de l'une de ses faiblesses...
Elle est fragile moralement. Même si une opération à la hanche pour effacer une vieille blessure l'oblige présentement à l'inactivité complète, ce n'est pas son moral d'athlète qui est à plat. Elle n'attend que le feu vert de son médecin pour retourner ses patins en préparation des Jeux d'hiver de Sotchi, en 2014.
C'est plutôt son moral d'étudiante qui est chancelant. Pas parce qu'elle doute de son potentiel, elle enrage.
« L'éducation peut parfois être absurde dans ses principes », m'a-t-elle écrit en réaction à une récente prise de position du Syndicat de l'enseignement de l'Estrie (SEE) sur le projet gouvernemental d'anglais intensif « élargi ». Son propos réfère principalement à la crainte d'une possible pénurie d'enseignants qualifiés.
Une autre de ses ambitions personnelles étant de devenir professeur d'anglais au secondaire, enlevons l'uniforme sportif pour causer d'uniformité. Sarah est allergique au moule. À la rigidité du système de formation des enseignants au Québec.
« Après six années d'études aux États-Unis, dont quatre à Harvard, je m'attendais à ce qu'on me soumette à des tests oraux, écrits, à une dissertation, qu'importe, pour évaluer mes connaissances et possiblement me reconnaître des équivalences. Je croyais pouvoir entreprendre plus rapidement les cours spécifiques à la pédagogie et y consacrer toutes mes énergies. On m'a répondu qu'ici, tout le monde emprunte la même voie », témoigne-t-elle.
Harvard n'a pas troqué avec Sarah Vaillancourt la promesse d'un diplôme contre son talent de hockeyeuse. Son nom avait été placé sur une liste d'attente, elle a dû prouver qu'elle ne patinerait pas sur la bottine à l'école.
Le Québec reconnaîtrait d'ailleurs ce bagage académique si la hockeyeuse se destinait à une carrière de professeur de psychologie. En anglais, c'est niet.
« Sur les trois cours de langue seconde cet hiver, un seul me challenge vraiment. J'endosse pleinement les exigences pédagogiques, les stages, etc. Toutefois, j'ai peine à croire qu'il y ait une seule route pour se rendre à cette étape».
Aujourd'hui âgée de 26 ans, Sarah Vaillancourt prévoyait consacrer deux ans à sa réorientation de carrière. Sa double vie d'athlète-étudiant, l'incontournable pause d'une année avant les compétitions olympiques ainsi que ces exigences plus strictes l'amèneront au-delà du cap de la trentaine.
« Je ne prétends pas avoir de statut particulier. Je ne réclame pas de passe-droit. Je plaide seulement en faveur du bon sens. J'ai appris l'anglais au primaire dans le cadre du programme intensif et c'est ce qui m'a ouvert les portes ailleurs. Je suis sensible à la protection du français, mais les enfants du Québec ont plus que jamais besoin de l'anglais comme outil de développement. Mon cas n'est sûrement pas unique. Il y a sans doute d'autres personnes compétentes se butant à la même intransigeance que moi ».
Ça me rappelle l'histoire d'un gars qui, après avoir été ministre fédéral, est devenu premier ministre du Québec. Orateur talentueux, il passait aisément de l'anglais au français. Il s'est levé un matin obnibulé par un changement de carrière et habité par le rêve de devenir professeur d'anglais au secondaire. Qu'avez-vous comme bagage académique, lui a-t-on demandé au bureau du registraire. Une formation universitaire en droit? Malheureusement, il vous faudra vos préalables d'une centaine de crédits en langue seconde avant d'entreprendre votre « maîtrise qualifiante ». Le gars était insulté noir !
Non, non, il ne s'agit pas du premier ministre Charest. Ce dernier n'a d'ailleurs rien à craindre, les politiciens de sa trempe sont toujours récupérés par les grandes corporations au jour de leur départ. Les médaillés olympiques risquent par contre, eux, de finir dans un moule.
« J'hésite. Je suis quelque peu découragée. Pas par le défi scolaire. Je suis assommée par l'absurdité du « tout le monde dans le même paquet ». J'ai un bagage de vie qui, je pense, pourrait être inspirant pour des jeunes. J'enseigne déjà le sport et j'ai une bonne base en psychologie. Mais ça ne vaut rien. Je ne veux pas prendre un ton hautain face à tout cela, je suis juste incapable de me taire ».
Vaillancourt s'avance dans l'enclave.... et compte! CANADA WINS the gold medal in overtime, 1-0 against United States.
Solidairement, ma chère Sarah, je regarderai le match de la finale féminine dans trois ans au réseau anglais. Juste pour te voir prendre ta revanche sur le sectarisme québécois.