Influences inconscientes ; applications aux mécanismes induits par la publicité, la politique...
Ce livre est par sa forme un exemple de clarté et de rigueur. Le sommaire, découpé en parties, chapitres puis sous parties, nous laisse entrevoir une thèse rondement argumentée. Au début de chaque nouveau chapitre un court résumé de 3 phrases au maximum évoque ce de quoi il va être question. Les références sont signalées de manière synthétique entre parenthèses et renvoient à une bibliographie conséquente. Sans même juger son contenu, c’est un véritable plaisir de lecture.
Le titre peut laisser entrevoir un essai très spécifique issu d’un branche particulière de la psychologie sociale. Il illustre bien la thèse de l’auteur : tout individu est soumis à des influences psychologiques, biologiques, sociétales et historiques de manière plus ou moins consciente en permanence, qui guident ses conduites.
L’auteur s’intéresse plus particulièrement aux influences inconscientes (« lorsque sa prise de conscience est difficile à réaliser par l’individu du fait d’une impossibilité psychique ») et non conscientes (« lorsque la conscience du phénomène ou du processus est possible théoriquement, mais qu’elle n’a pas lieu parce que l’individu ne fait pas l’effort nécessaire pour y accéder »)
Dans une première partie, l’auteur aborde les fondements philosophiques et psychologiques qui permettent d’argumenter sa thèse. Depuis le 17ème siècle des philosophes comme Leibniz, Schopenhauer, Janet, essentiellement matérialistes, se sont intéressés à ces influences inconscientes sur le comportement humain. Au 20ème siècle, c’est au tour des psychologues cognitifs de s’intéresser à la question. La psychologie sociale a permis d’améliorer la connaissance de ces influences en mettant en place des protocoles expérimentaux, par exemple sur des patients cérébro-lésés ou tout simplement chez l’individu lambda, très bien décrits par l’auteur.
La seconde partie, sans doute la plus intéressante et la plus abordable, se consacre à exposer les applications de ces influences inconscientes dans la vie quotidienne, et particulièrement dans les domaines de la publicité, du recrutement, des groupes sexuels ou ethniques ou encore de la politique.
Nous apprendrons ainsi que les émotions « n’ont pas de rationalité dans l’immédiat, mais dans la durée, à l’échelle de la vie d’un individu, d’une culture, d’une espèce ». La publicité peut par exemple nous conduire à des comportements économiques que nous réprouvons consciemment mais qui sont déclenchés par des mécanismes cognitifs inconscients. Par des mécanismes cognitifs similaires nous pouvons ainsi discriminer une personne de manière inconsciente.
Malgré la clarté et la pertinence du propos, il s’agit d’un ouvrage spécialisé qui sera sans doute inintéressant pour un lectorat non averti.