le 28 octobre 2012 Par yael - categories : Littérature - vu 41 fois
Alors que le spectacle sur la vie d’Anne Frank qu’il a adapté se joue actuellement au Théâtre Rive Gauche (voir notre critique), Eric Emmanuel-Schmitt livre son opus automnal sans faire défaut, ni sur le fond, ni sur la forme. Suite de nouvelles dans la veine de Odette Toutlemonde et La Rêveuse d’Ostende, « Les deux messieurs de Bruxelles » est un recueil très humain, où fin psychologue et bon philosophe, Schmitt sait également ménager le suspense… En librairies le 8 novembre 2012.
Deux hommes célèbrent leur mariage en douce dans une chic église de Bruxelles, tandis-qu’officiellement ce sont un homme et une femme qui sont unis par le prêtre, un vieillard français se méfie du genre humain et exprime une passion absolue pour les chiens, une jeune veuve autrichienne trouve un nouveau mari qui subvient à ses besoins mais se montre bien trop fasciné par le défunt mari, une mère islandaise est dépassée par la mort de son fils, concomitante de l’éveil de l’Eyjafjöll, un couple à qui tout réussit ne parvient pas à avoir d’enfant car leur capital génétique ne leur permet pas de donner naissance à un bébé sain…
Autant de situations humaines délicates et à fleur de peau que Eric-Emanuel Schmitt sait brosser dans leurs nuances en quelques pages.Le format de la nouvelle convient parfaitement au style émotif et néanmoins synthétique de l’auteur. Ce dernier fournit également en fin de volume les pages de son journal, relatives, à la gestation de ce recueil. L’on y apprend ainsi que l’histoire de l’homme amoureux des chiens vient d’un cours d’Emmanuel Levinas, ou encore que la nouvelle éponyme du volume est née dans le Thalys entre Paris et Bruxelles.
Cherchant le fil d’Ariane liant ces cinq narrations, Schmitt parle d’ »architecture secrète ». Mais à ce secret s’ajoute un autre élément : qu’ils s’agisse de la question du pardon, à la lumière de la Shoah, de celle de l’union d’un couple homosexuel, de l’interruption médicale d’une grossesse condamnant parents et futur enfant à être suspendus à la vie courte et fragile de ce dernier, ou encore de la question de la transplantation d’un coeur, Schmitt aborde dans presque toutes les nouvelles de ce livre des interrogations qui touchent à l’éthique. Sans jamais pontifier ou donner de norme, l’écrivain se contente de poser ces questions à travers le ressenti, parfaitement vraisemblable et toujours très émouvant, de ses personnages. Une série forte, donc, où la plume de Eric-Emmanuel Schmitt ravira, une fois encore, ses fidèles lecteurs (et lectrices!).
Les deux messieurs de Bruxelles, d’Eric-Emmanuel Schmitt, Albin Michel, 288 p., 20 euros. Sortie le 8 novembre 2012.
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