Sante-tn- Sous la prsidence de Mme Rym Ghachem Attia, psychiatre, lAssociation Tunisienne de Psychiatrie, a organis une confrence portant sur le thme femme et rvolution et ce, samedi 28 janvier Beit El Hikma.
La prsence a t spcialement massive pour tre lcoute des confrenciers ! La femme entre dmocratie, religion, histoire, pouvoir et politique, tels taient les thmes abords lors de ce dbat. Et si tout tournait exclusivement autour de la femme, la prsence masculine tait tout aussi importante! Au premier coup dil, on pouvait dj dduire que le sujet russissait drainer les foules. Sante-tn tait au rendez-de ce meeting hors-pair.
Avec la participation de plusieurs spcialistes en psychologie, mais aussi dans le domaine de la religion et de la politique, cette manifestation, avait pour principal objectif de parler de la revalorisation de la femme tunisienne dans la scne politique actuelle.
De fait, la femme a t exclue du paysage politique en dpit de sa forte contribution la rvolution et il fallait se poser les bonnes questions quant aux raisons dune telle marginalisation! Parce quen dpit de ses acquis et dune mancipation riche de plus dun demi-sicle, la femme tunisienne se retrouve, au lendemain de la rvolution, dans lombre dune mentalit qui se veut toujoursphallocrate !
Cest dans ce cadre que lintervention de Mme Saida Douki, lillustre professeur en psychiatrie, a perc. Elle a dbattu de la femme et la dmocratie . Son dbat a particulirement russi capter tant grce au tableau complet quelle a dress de la condition de la femme prcisment dans le monde musulman, et plus prcisment en Tunisie.
Femme et dmocratie
Pr Douki, a mis laccent sur la ncessit de parit et dquit entre hommes et femmes pour la mise en place dun pays dmocrate. Tous les pays dmocratiques dans le monde considrent l'quit comme l'un des piliers de la dmocratie et du dveloppement , dit-elle.
Et dajouter : Cette galit est le pas le plus important franchir pour mettre fin aux rgimes dictatoriaux. Parce que lgalit des hommes et des femmes est le premier rempart contre toute dictature. Or, en Tunisie, lon a hlas affaire une prsence politique fminine qui natteint mme pas les 25% ! Toutefois, ce manque de prsence fminine sur le plan politique puise ses origines dun modle de famille patriarcal qui prdomine en Tunisie.
Et qui dit famille, dit la premire cole dans la socit ! Si nous naissons et grandissons dans des familles patriarcales, o il ny a quun seul pouvoir dtenu par lhomme, quil soit le pre, le frre, etc. on shabitue tout bonnement la dictature et lautocratie masculine! Et nul ne peut discuter le fait que la femme reprsente la moiti de la socit. Si cette moiti nvolue pas, cest toute la socit qui sera handicape !
La discrimination des femmes
Mme Douki prcise dans ce sens que loppression des femmes cote cher au sens propre et figur : 100 millions de citoyens du monde sont manquants : ils ne sont pas du tout venus au monde. Et pour cause ? Seulement parce quon a su que ce seraient des femmes !! Ces ftus fminins ont t tus avant de voir le jour ! Au Pakistan, 80% des enfants trouvs morts sont des filles. En Egypte, 80% des filles sont excises. Dans le monde, une femme meurt chaque minute cause des mauvais soins ! Chaque heure, une femme se fait brler.
Et il ne sagit nullement dune question de religion ! Cest bel et bien une question de mentalit ! Dans le monde occidental galement, de nombreuses femmes se font violer et violenter. Plusieurs sont aussi tues par leurs maris ! Et celles qui ont survcu, vivent dans la discrimination
Les rpercussions psychologiques
Mme Douki a enchain le dbat avec une analyse qui dmontre le lien entre le manque de dmocratie, le statut des femmes et leur sant mentale. De nombreux sujets ont t exposs dans ce sens : allant de dpression au suicide en passant par lducation et les diffrentes violences contre les femmes.
Les conclusions tires mettaient laccent sur les origines mmes des rgressions dans les socits Il va sans dire que lorsquune femme est maltraite ou discrimine, elle va souffrir de troubles dpressifs et donnera donc naissance des enfants qui, eux aussi, nauront pas une bonne sant mentale.
La dpression nerveuse est deux fois plus importante chez la femme que chez lhomme, ce qui les rend potentiellement suicidaires ! Il sagit dun problme majeur o le pic des tendances suicidaires a lieu 21ans !
Vivant sous la frule de tout un systme phallocrate, les femmes souffrent psychiquement. Une femme sur dix est victime de la dpression post-partum et par consquent 1 enfant sur trois, risque davoir des troubles mentaux. Des tudes scientifiques et pidmiologiques en Tunisie montrent, en effet, que la sant des femmes se dgrade suite lingalit sociale.
Que peut-on en conclure en fin de compte ? Cest que les troubles dpressifs frquents chez les femmes sont, entre autres, imputables aux discriminations quelles subissent. Car la hirarchie sexuelle se maintient, mme dans les socits occidentales !
A la recherche des papas !
Aujourdhui on voit de plus en plus dhommes dmissionnaires et passifs. La femme russit beaucoup plus que lhomme et les filles plus que les garons. Est-ce parce que cette premire est plus intelligente ? Non, la femme est tout simplement plus motive travailler parce quelle veut prouver quelle est capable de russir.
Lhomme en revanche se voit naturellement plus fort tant sa russite est acquise ! Pourtant aucune socit dmocrate ne peut avoir lieu si le dveloppement nest pas asexu ! Et aucune socit dmocrate ne peut avoir lieu sans quil ny ait une responsabilit partage entre les hommes et les femmes.
Or, dans les familles tunisiennes, ce sont quasiment les femmes qui assurent presquexclusivement, lducation des enfants. Le pre, lui, est absent. Cette quasi-absence de mixit au sein de la famille entrane des troubles mentaux et des pertes de repres pour lenfant. Dautant plus que lenfant tablit toute sa personnalit dans les cinq premires annes de sa vie.
Professeur Sada Douki a donc dmontr, dune part, la relation troite entre le statut des femmes et leur sant mentale et, dautre part, limportance de la sant mentale des femmes pour btir une socit dmocrate, quitable et en bonne sant. Elle a mis en exergue les menaces de rgression qui assombrissent lavenir du sexe fminin mme suite une pseudo-mancipation fminine qui se trouve aujourdhui en rel danger avec le retour en force dune mentalit fondamentaliste et rtrograde
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