Frédéric Kochman est pédopsychiatre à la clinique Lautréamont de Loos. Passionné par son métier, il a écrit de nombreux ouvrages dont un « Guide de survie des parents débordés ». Il vient de sortir un autre livre, « Grands-parents, le rôle de votre vie ». Un sujet qui était au centre d’une conférence qu’il a donnée à Loos.
Le sens de sa vie
Ce qui le rend heureux, Frédéric Kochman ? Il le confesse bien volontiers en public, comme lors de la conférence qu’il a donnée mercredi soir au Théâtre du Square, alors qu’il intervenait pour parler du rôle des grands-parents dans l’éducation de leurs petits-enfants. Et il va même jusqu’à l’écrire, comme pour graver dans le marbre ce qu’il considère comme une devise : « Le sens de ma vie est de donner du sens à celle des autres. C’est ça qui me rend heureux ».
Un peu de psychologie positive
Pourquoi notre pédopsychiatre, coordinateur de l’équipe de santé de la clinique Lautréamont de Loos, se livre-t-il ainsi ? C’est, ponctuellement, pour les besoins d’une démonstration qu’il fait dans son dernier livre à propos de l’approche et des techniques de psychologie positive (qui s’est bâtie, pour soigner les gens qui vont mal, sur l’observation des gens qui vont bien et même très bien) : « La psychologie positive, explique-t-il, éloigne les risques de souffrance psychique ». Celle des enfants, bien sûr, mais le schéma s’applique aussi aux grands. Et parmi les six points d’ancrage dans lesquels l’exercice de cette psychologie positive doit se faire, il y a « le sens de la vie » (les autres sont la curiosité, les activités physiques, le don, les relations interpersonnelles et les études).
L’illustration par l’exemple
C’est aussi parce que, quand les psychothérapeutes ont pour règle d’éviter de parler d’eux, lui ne rechigne pas à puiser dans son histoire personnelle pour illustrer son propos. Lors de la conférence et dans son livre, apparaissent ainsi le permis bateau qu’il a passé il y a quelques années, les cours de chinois qu’il s’est mis à suivre, les gâteaux polonais que lui faisait sa grand-mère, les règles en vigueur chez lui (avec ses filles) en matière d’écrans, de jeux vidéo, d’accès à Internet et tout le toutim… Cette implication personnelle donne des exposés très vivants et parfois drôles, malgré la gravité du sujet, des conférences convaincantes et des livres de toute évidence appréciés, si l’on en croit les critiques dans les revues, les commentaires de lecteurs laissés sur la blogosphère et le nombre d’invitations qu’il reçoit pour participer des émissions de télé et de radio (on le voit souvent, par exemple, aux Maternelles de France 5). Cela témoigne aussi, à l’évidence, d’un investissement généreux dans sa mission.
Guide des parents débordés…
Il y a une dizaine d’années, Frédéric Kochman avait publié un Guide de survie pour parents débordés (au drolatique sous-titre Le mode d’emploi qui aurait dû être fourni avec votre enfant) Éd. L’Archipel. Écrit sous la forme d’un manuel pratique, il avait le mérite de déculpabiliser les parents confrontés à la fois au stress de la vie moderne et à des enfants souvent devenus rois en leur palais. En plus, bien sûr, de donner une foule d’informations sur le fonctionnement des bambins et des astuces pour en venir à bout.
Manuel pour grands-parents
Son dernier livre, le docteur Frédéric Kochman l’a consacré à l’importance grandissante que revêt selon lui le rôle des grands-parents dans l’éducation des enfants. Et on est volontiers prêts à le suivre tant le constat liminaire est imparable : dans un monde qui va sans cesse plus vite, dont les repères changent continuellement, dans des familles souvent recomposées, parfois décomposées voire explosées, les grands-parents peuvent représenter un très salutaire havre de stabilité. D’autant que le constat qu’il avait fait dans son guide de survie il y a dix ans vaut toujours aujourd’hui : le « je veux tout, tout de suite » érigé en règle absolue et encouragé par le système économique, la perte de références et de repères rendraient, selon le docteur Kochman, les enfants de moins en moins accessibles à l’idée d’autorité et aux leviers de l’éducation.
PRATIQUE ET ABORDABLE
Niché au centre du cerveau, il y a le système limbique, siège des émotions primitives comme la peur, la colère, l’instinct de survie, etc. « Dans la région préfrontale, il y a le néocortex, explique Frédéric Kochman. Et c’est là que se forment la notion d’empathie et toutes les pensées qui peuvent venir réguler les émotions primitives et faire de l’enfant un être social. Les grands-parents ont leur rôle à jouer dans le développement de ce cerveau-là ! ». Notamment pour rassurer et apaiser enfants et adolescents.
Avec les petits-enfants, les grands-parents sont conviés, par exemple, à faire un gâteau, pêcher, raconter l’histoire de la famille (« Quand tu ris, tu me fais penser à ton grand-oncle »), jouer à des jeux de société, échanger sur la musique (« Je t’ai déjà montré mes 45 tours et mon tourne-disque ? »), faire des exercices de relaxation (en savourant un bonbon). On peut ne pas adhérer à tout, bien sûr. Mais l’ouvrage n’en reste pas moins à recommander à tous les grands-parents (et parents). Pour son contenu, très abordable, mais aussi pour son côté pratique (format poche et son prix abordable, lui aussi).
« Grands-parents, le rôle de votre vie », par le docteur Frédéric Kochman, Éditions Solar Santé, 182 pages ; 6,90 €. En vente dans toutes les librairies et sur les sites marchands Internet.
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