Un actif sur trois souffre de stress, d'épuisement psychologique ou de perturbations du sommeil liés au travail, indique une étude menée par l'Institut de Médecine Environnementale (IME) en partenariat avec l'Institute of NeuroCognitivism et TNS Sofres auprès de 7000 actifs dans cinq pays.
Le principal facteur cité comme cause de stress est l'hyper-investissement émotionnel (41%), bien avant les problèmes à résoudre, le stress émotionnel (envie de fuite, colère ou découragement), le stress somatique (impact sur la santé) et le stress «comportemental» (grignotage, consommation de calmants ou d'excitants).
Le stress sévirait donc d'abord sur les actifs les plus perfectionnistes. Un comportement que les neurobiologistes n’hésitent plus à qualifier de tendance obsessionnelle entrant dans la liste des addictions comportementales.
Or les chercheurs en neurosciences à l’origine de cette étude sont formels : plus il y a de stress, moins l’entreprise est performante. Ce que démontrent d’ailleurs la quasi-totalité des études menées depuis 25 ans, qui classent le stress en tête des facteurs de risques psycho-sociaux.
Un court-circuit émotionnel
Pourtant, d’autres scientifiques ont tenté de démontrer les bénéfices du stress dans les environnements de travail les plus exigeants. Ainsi, le neuropsychiatre David Servan-Schreiber citait le stress comme une réponse de l’organisme cherchant à s’adapter au mieux à une situation inhabituelle qui représente un challenge : «Sans stress, nous ne serions pas stimulés. Nos compétences, nos capacités de réponse resteraient sous-utilisées. Et nous n’en développerions pas de nouvelles.»
Pour le neurologue Joseph Ledoux, les émotions ont d'ailleurs un rôle positif dans la prise de décisions : en provoquant un court-circuit dans le néocortex (le «cerveau pensant»), l’émotion permet d’élaborer des stratégies immédiates et de planifier à long terme. Pour Jean Cotteaux, psychiatre et psychothérapeute (auteur de «Psychologie positive et bien-être au travail», Broché) les décideurs doivent donc être attentifs à ce court-circuit et aux signes physiologiques du stress émotionnel, s’ils veulent équilibrer leurs décisions au plus juste, entre émotion et raison. Peut-on distinguer un «bon» d'un «mauvais» stress au travail?
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