QUÉBEC | Violence, superstition, gros sous, records, drames… Le hockey fascine, déchire et fait vibrer. Pourquoi aimons-nous tant ce sport? Pourquoi est-il violent? Pourquoi fête-t-on plus d’anniversaires de joueurs en février qu’en novembre?
Ce sont autant de questions auxquelles répond le professeur de psychologie Simon Grondin dans Le hockey vu du divan, essai qui offre une foule d’explications sur notre sport national grâce à des notions de psychologie générale.
Chercheur en psychologie de la perception à l’Université Laval, M. Grondin a donné une conférence fort courue autour de son livre hier, à l’occasion du 81e congrès de l’ACFAS, à Québec.
Partisans
Spécialiste de la cognition et des neurosciences, M. Grondin explique notre amour du hockey par «l’illusion d’éternité» qu’il nous apporte. «Il y a pour plusieurs personnes l’impression que leur équipe a toujours été là», dit-il.
Dans un monde où tout va vite, où tout change rapidement, ces équipes sont comme des repères réconfortants. Le hockey permet également de briser l’isolement et de créer des liens, y compris en famille entre pères et fils surtout.
«Le hockey, c’est l’occasion pour un fils de connaître son père dans sa manière de commenter le travail des arbitres, des joueurs ou des commentateurs, dans son choix de joueurs préférés, dans son regard sur l’arrivée de joueurs étrangers», explique le chercheur.
Violence
Rassembleur et rassurant, notre sport chéri n’en est pas moins violent. Comme disait Alfred Hitchcock: «Le hockey sur glace est un savant mélange de glisse acrobatique et de Seconde Guerre mondiale.»
Le professeur Grondin associe la violence au hockey à un mélange de tradition, de frustration, de commercialisation et de confusion.
Les joueurs cherchent constamment à transgresser les limites, en passant par exemple le gant au visage du gardien une fois le jeu terminé. Ces situations engendrent de la frustration qui, au lieu d’être ravalée, est exprimée en jetant les gants.
Car les bagarres servent les intérêts de certains, qui y voient même une façon de remplir les arénas et de gagner des matchs, avance M. Grondin.
Ceux-ci justifient la violence actuelle par la longue tradition de sport violent qui colle au hockey. «C’est comme si dire “ça a toujours été comme ça” était une bonne raison. Imaginez si on disait ça de la violence conjugale», gronde le chercheur.
Il estime également que les partisans associent la violence à l’intensité et à la combativité des joueurs, ce qui est une erreur. «Federer et Nadal sont intenses, mais ils ne se tapent pas dessus», insiste M. Grondin.
Discriminé à la naissance
En raison de la catégorisation par âge, qui mélange dans la même catégorie des jeunes nés en janvier et d’autres nés en décembre de la même année, les enfants venus au monde en fin d’année sont défavorisés. À tous les niveaux, dans les classes AA de chaque catégorie, plus du tiers des joueurs, parfois même plus de 70 %, sont ainsi nés au cours des premiers six mois de l’année.