Thierry Janssen, chirurgien devenu psychothérapeute, nous a offert le dernier opus de sa trilogie débutée quelques années auparavant. Pour compléter « La solution intérieure » et « La maladie a-t-elle un sens ? », il nous propose « Le défi positif ». Pour une multitude de raisons, c’est un livre qu’il convient de lire et de partager. Pourquoi ?
D’abord parce qu’il fait la part belle à la psychologie positive, nouveau courant de la psychologie, ayant vu le jour au début des années 2000 aux Etats-Unis, et à ses pionniers (Martin Seligman, Mihaly Csikszentmihalyi, Christopher Peterson…). « Celle-ci propose d’étudier de manière transdisciplinaire et scientifique les ressources et les qualités humaines qui créent le bonheur » (p.14). Ce courant s’est construit sur un constat simple : lorsqu’il s’agit de santé mentale, les ouvrages de référence témoignent d’un déséquilibre flagrant entre l’intérêt porté aux aspects négatifs et douloureux de l’expérience humaine et l’attention portée aux aspects positifs et agréables. Tout se passe comme si, obsédés par la nécessité de nous débarrasser du négatif, nous en avions oublié « la possibilité de cultiver le positif ». Les auteurs soucieux de la question proposent donc simplement de « rééquilibrer » nos intérêts. N’est-ce pas faire preuve de bon sens ? Pourquoi la psychologie devrait-elle se contenter de guérir ? Pourquoi ne pourrait-elle pas se préoccuper du développement des ressources positives des personnes, de l’amélioration de leur vie ? La psychologie positive est définie comme « l’étude scientifique des conditions et des processus qui contribuent au fonctionnement optimal des individus, des groupes et des institutions » (p.25). Elle veut enseigner, encourager et accompagner chacun à développer le meilleur de lui-même. N’est-ce pas là un beau programme ?
Autre élément important nous incitant à lire cet ouvrage : il nous parle de bonheur. Pas très original me direz-vous, les publications de développement personnel sur le sujet ne manquent pas. Certes, mais c’est justement là une de ses forces, Thierry Janssen parvient à nous parler de bonheur, autrement. Par exemple, en s’appuyant sur des recherches scientifiques sérieuses, il s’attache à déconstruire certaines de nos croyances toutes faites : la corrélation réussite financière - bonheur ; la corrélation beauté, jeunesse – bonheur ; la corrélation travail – bonheur…
En nous faisant partager les travaux d’auteurs de référence, il nous incite également à nous interroger sur notre propre bonheur, notre capacité à le construire, à le « tricoter ». Il apparaît que notre aptitude au bonheur serait influencée à hauteur d’environ 50% par des facteurs génétiques, à raison de 10% par des facteurs extérieurs et à hauteur de 40% par notre investissement personnel. 40% qui nous appartiennent ! De quoi rester songeur. Thierry Janssen explique : « Il faut apprendre à être content, tout simplement. C’est dans cet apprentissage que résident les 40% de marge de manœuvre que nous avons face aux 50% de notre bonheur déterminés par nos prédispositions génétiques et aux 10% dépendant des événements positifs ou négatifs de notre existence » (p.68). « Apprendre » le bonheur, c’est ce que l’auteur nous propose. Quitter notre état d’insatisfaits chroniques pour fonctionner autrement, plus positivement. Prendre conscience de nos ressources et les manifester au cœur de nos actions : voici le défi. Pourquoi refuser de croire en notre potentiel vertueux ? Thierry Janssen ne propose pas une « dictature du bonheur » mais des pistes pour vivre ce qu’il nomme « une bonne vie » et son programme donne envie.
Bonne lecture à tous.
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