Scène extraite de «Passage à l’acte», de Francis Girod, avec Daniel Auteuil et Anne Parillaud. (Jean-Marie Leroy/Sygma/Corbis)
Le nombre de traitements psychiques reste insuffisant en Suisse. La nouvelle loi fédérale sur les professions de la psychologie pourrait changer la donne dès l’an prochain. Le remboursement des psychothérapies effectuées par les psychologues suscite un débat nourri
Pour la psychiatrie suisse, c’est une révolution. Le 1er janvier prochain, la nouvelle loi fédérale sur les professions de la psychologie (Lpsy) protégera les différents métiers «psy» et élargira la pratique de la psychothérapie. Les psychologues formés en psychothérapie pourront être payés par l’assurance de base selon des modalités qui doivent être précisées par le Conseil fédéral par voie d’ordonnances. Aujourd’hui, seuls les médecins psychiatres sont remboursés. Les psychologues bénéficient de cet avantage uniquement s’ils travaillent comme salariés sous le contrôle d’un psychiatre. Quand ce n’est pas le cas, les patients doivent payer eux-mêmes leur thérapie ou contracter une assurance complémentaire.
La mise en application de la réforme suscite des divergences au sein de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). Le 19 février, son vice-directeur, Stefan Spycher, confiait à la «NZZ am Sonntag» qu’il était envisageable que les psychologues-psychothérapeutes deviennent des prestataires de soins indépendants remboursés par l’assurance de base. Cette possibilité a été enterrée une semaine plus tard par le directeur de l’office, Pascal Strupler. Dans une interview au «SonntagsBlick», le haut fonctionnaire indiquait qu’une prescription médicale resterait une condition sine qua non pour être remboursé par l’assurance de base.
Ces contradictions illustrent la difficulté à avancer dans un dossier sensible. En 1994, lors du débat préparatoire sur la révision de la loi sur l’assurance maladie (LAMal), la conseillère fédérale Ruth Dreifuss avait voulu inclure les psychothérapies effectuées par les psychologues dans l’assurance de base avant de renoncer. La cause s’est enlisée sous le règne de Pascal Couchepin. «Il n’était pas convaincu par la psychothérapie, précise le Vaudois Pierre Vallon, président de la Société suisse de psychiatrie et psychothérapie (SSPP). Il considérait que c’était une «thérapie de wellness.»
Le contexte est désormais plus favorable. Des études ont mis en évidence l’efficacité des psychothérapies, notamment pour la prévention du suicide. Après plus de dix ans de gel d’ouvertures de cabinet, la pénurie de psychiatres est manifeste en dehors des grands centres urbains. Publiée en août 2007 par l’Observatoire suisse de la santé (Obsan), l’étude «La santé psychique en Suisse» met en évidence une offre «insuffisante ou inadaptée». Avec des chiffres spectaculaires: 5% des Suisses consultent un spécialiste chaque année alors qu’environ 10% auraient besoin d’un traitement.
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