Cette discipline s’intéresse à tous les moyens d’être plus heureux. Explications d’Yves-Alexandre Thalmann, psychologue*.
ELLE. Comment peut-on définir la psychologie positive ?
Yves-Alexandre Thalmann. C’est la science du bonheur. Son objectif est de répondre aux questions suivantes : qu’est-ce que le bonheur ? Comment peut-on l’atteindre ? Le dynamiser? Quels sont les éléments qui y contribuent réellement ? Elle propose des « stratégies » du bonheur, validées par des études scientifiques, selon la loi des probabilités : on sait par exemple qu’exprimer régulièrement sa gratitude ou s’offrir une activité agréable par jour rend plus heureux. Ce n’est pas une thérapie en soi. La psychologie positive s’adresse à ceux qui ne sont pas trop malheureux et leur propose des actions à accomplir et des comportements à développer pour augmenter leur sentiment de bien-être.
ELLE. C’est une nouvelle méthode Coué ?
Yves-Alexandre Thalmann. Non. Bien sûr, il vaut mieux se dire le matin devant sa glace : « Tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux », comme le propose la méthode Coué, plutôt que : « Quelle tête d’idiot !» Mais la psychologie positive, c’est autre chose. Si elle encourage une pensée optimiste, cela ne signifie pas qu’elle vise à repousser le négatif pour attirer le positif selon une pensée magique et superstitieuse. La psychologie positive suggère, au contraire, d’affronter les difficultés de manière constructive, ce qui implique, au préalable, de les reconnaître. Par ailleurs, elle réfute certaines fausses idées sur le bonheur, comme le fait que pour être heureux il faudrait attirer à soi certains ingrédients comme la richesse, le pouvoir ou l’amour.
ELLE. Les événements en eux-mêmes n’ont-ils finalement que peu d’influence sur notre bonheur ?
Yves-Alexandre Thalmann. Eh oui. Nous sommes souvent persuadés que le bonheur dépend de circonstances extérieures (rencontre amoureuse, augmentation de salaire, achat d’une maison…), mais les expériences menées en psychologie positive nous apprennent qu’elles n’ont qu’une faible influence. En effet, passé un moment de joie, voire d’euphorie, ces circonstances deviennent une nouvelle normalité. C’est le mécanisme de « l’adaptation hédonique », selon lequel, une fois comblés, les désirs laissent place à de nouvelles envies et à de nouvelles insatisfactions. Ce mécanisme est d’ailleurs un des moteurs de notre société de consommation. D’où l’importance de prendre conscience des bienfaits dont on jouit, petits et grands. La bonne nouvelle, c’est qu’on s’adapte aussi, dans l’autre sens, aux événements déplaisants !
ELLE. Alors, qu’est-ce qui peut nous rendre plus heureux ?
Yves-Alexandre Thalmann. L’optimisme général joue un rôle fondamental dans le bonheur et on peut apprendre à le développer. Se donner des défis permet de se sentir plus satisfait, dans son travail ou dans ses loisirs : apprendre à danser, à jouer d’un instrument, obtenir un diplôme… Les relations amicales semblent également essentielles au bien-être. Il existe quantité de façons de se sentir plus heureux. Mais il ne faut pas oublier que le bonheur est le résultat d’un ensemble complexe d’où les émotions désagréables et les passages à vide ne sont pas exclus. L’euphorie perpétuelle est évidemment une illusion !
* Auteur de « La Psychologie positive : pour aller bien » (éd. Odile Jacob).
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