Les psychologues, les psychoéducateurs et les autres professionnels qualifiés ne sont pas assez nombreux dans les écoles. «Étant donné qu'il y a des situations d'agression, de dépression, même de suicide, comme on l'a vu cette semaine, ça prend quelqu'un qui est spécialisé en santé mentale», estime Égide Royer, professeur à l'Université Laval et codirecteur de l'Observatoire canadien pour la prévention de la violence à l'école.
Les études indiquent que malgré les campagnes de sensibilisation et les mesures en place, de 6 à 10% des jeunes sont, de manière répétitive, victimes d'intimidation, précise M. Royer.
C'est sur ce deuxième plan qu'il y a des lacunes, ajoute le spécialiste. «Le filet de ressources professionnelles, entre autres en matière de santé mentale, est trop mince.»
Budget insuffisant
Dans le cadre de son plan d'action 2008-2011 pour contrer la violence dans les écoles, le gouvernement Charest a investi 17 millions en trois ans. Chaque établissement devait mettre en place un protocole d'intervention et identifier une personne-ressource.
C'est bien peu d'argent lorsqu'on répartit cette enveloppe entre les 3000 établissements de la province, fait valoir la présidente de la Fédération québécoise des directeurs d'établissement d'enseignement (FQDE), Chantal Longpré. Ce n'est pas suffisant pour engager du personnel qualifié comme des psychologues, et pour un nombre d'heures suffisant, ajoute celle qui est également vice-présidente de la Fondation Jasmin Roy, un organisme qui lutte contre l'intimidation dans les écoles.
«Pour faire de meilleures interventions, ça prend le personnel nécessaire, autant pour l'école que pour le parent. [...] On ne peut pas penser qu'une situation problématique se règle d'un coup. C'est un travail de longue haleine, il y a plusieurs personnes à mobiliser», rappelle Mme Longpré.
La ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, devrait annoncer au cours des prochains mois de nouvelles mesures pour bonifier le plan de lutte contre la violence dans les écoles.
Environ 80% des écoles ont adhéré au plan à ce jour et identifié un intervenant au sein de leur établissement, indique l'attaché de presse de la ministre, Dave Leclerc.
Familles
À l'avenir, les familles des jeunes agresseurs pourraient s'engager davantage. «Il faut que la famille prenne conscience que le geste que son enfant a commis a des impacts et des conséquences importantes sur d'autres enfants», souligne M. Leclerc.
Les interrogations sur les mesures québécoises pour contrer l'intimidation surviennent au moment où le gouvernement ontarien a déposé, mercredi, un projet de loi pour renforcer la législation concernant la violence dans les écoles.
Ce projet de loi prévoit même l'expulsion des élèves agresseurs. Une mesure jugée radicale par certains puisque ces élèves ont avant tout besoin d'encadrement.
«C'est une terrible idée», estime Debra Pepler, professeure de psychologie à l'Université York et spécialiste des questions d'intimidation.
Mais en Ontario aussi, il reste beaucoup de travail à faire, ajoute-t-elle. «Actuellement, la différence est grande entre ce qui est prévu dans la législation et la réalité. Certains enfants sont victimes à répétition et la direction et les enseignants ne leur donnent pas le soutien nécessaire.»