Attention Spoiler : Pour ceux qui ont été traumatisés par l'épisode 2 de la saison 4 de Game of Thrones, melty.fr vous vient en aide. En effet, beaucoup de fans ont ressenti une joie immense lorsqu'ils ont assisté à la mort de Joffrey. Mais est-ce normal d'être autant impliqué dans une série ? Elvin, un étudiant de 25 ans en psychologie nous éclaire sur notre rapport avec Game of Thrones. Il nous explique pourquoi la série connaît un tel succès et comment elle engendre une telle addiction chez les fans. Il traite aussi du réel impact psychologique sur les fans. Votre attachement aux personnages de la série sera donc passé au peigne fin, préparez-vous !
1) Présente-toi en quelques mots, dis en nous plus sur ton parcours.
Je m'appelle Elvin, 25 ans et étudiant en Psychologie à la faculté de Nanterre, Paris Ouest. Provenant d'un parcours sans doute atypique, notamment dû à ma passion exacerbée pour l'infographie, je me suis orienté vers la Psychologie après un début de cursus en Art puis en Sociologie. La psychologie est souvent perçue de manière erronée, la faute à ces multitudes de séries (Mentalist, Lie to Me, etc), ce qui n'aide pas réellement le métier (j'irai même jusqu'à dire que ça le dessert) et je m'efforce à changer les idées reçues.
2) Qu'est-ce qui te plait dans la série Game of Thrones ?
Pour moi, Game of Thrones est l'exemple type de la série qui a tout pour plaire. Qu'on aime les séries fantastiques, les scénarios complexes, les personnages attachants, les séries avec une pointe de sexe et de sang, celles qui dévoilent des paysages fabuleux, bref, tout ce qu'on peut aimer dans une série se trouve forcément dans Game of Thrones. À ça, il faut rajouter une réalisation et un jeu d'acteur exemplaire et on a le cocktail magique qui fait que pendant 2 mois et demi, on vibre chaque semaine. Il n'en faut pas plus pour en faire LA série que j'attends chaque année.
3) Que peux-tu nous dire sur l'aspect psychologique de la série ?
C'est sans doute l'aspect le plus subtil mais en même temps le plus présent dans la série. Une série réussie est une série qui reste en tête même après le visionnage. Tout simplement car chaque personnage a un profil bien particulier auquel on peut tous s'identifier. Chaque personnage est humain. Ils sont imparfaits, comme nous. On se dit "Qu'est-ce que j'aurais fait à sa place ?". Et de fil en aiguille, on crée une addiction, car c'est une part de nous qui se superpose pendant le temps d'un épisode à l'un ou plusieurs personnages. En nous identifiant à l'un des personnages, on vit au travers de lui, l'espace de 45 minutes. L'addiction permet aux spectateurs de se défendre d'une incapacité à tolérer la douleur psychique (on parle ici de fragilité des repères identitaires, avec un risque d’effondrement perçu par le spectateur, ainsi évité). On parle alors de "théâtre" afin de désigner la scène occupée par les personnes qui environnent le spectateur et auquel ce dernier donne une place précise. Ces personnes occupent un rôle symbolique qui vient en lieu et place d'objets psychiques manquants ou défaillants.
4)A ton avis, pourquoi les fans sont aussi impliqués dans Game of Thrones ?
C'est tout ce qui se passe à côté qui influe énormément sur le succès de Game of Thrones. Des ossements de dragons sur une plage pour la sortie DVD de la saison 3, des cyclo-pousses en forme de Trône de Fer dans les rues, des réactions filmées et diffusées sur Youtube après certains épisodes. Bref, tout un ensemble de phénomènes qui conduisent chacun et chacune à s'intéresser à Game of Thrones. C'est la série à suivre. Tout le monde en parle, tout le monde connaît, on doit savoir de quoi il s'agit. A ça, se rajoute encore une fois l'identification aux personnages. On se sent plus proche de l'un ou l'autre et on vit au travers de lui. On aime autant qu'on déteste certains personnages. On pose une étiquette sur Jaime Lannister par exemple, dans la catégorie "on n'aime pas" puis on se rend compte qu'il est attachant et on le change de catégorie. Cette série délivre au compte-goutte la progression de chaque personnage. On en veut toujours plus ! La réalisation est exemplaire, on joue vraiment sur l'addiction du spectateur. On nous donne la dose suffisante pour se dire "J'ai bien fait d'attendre" mais on crée en même temps une frustration car on veut la suite. De plus, l'aspect très social qui entoure la série prend part dans cette implication. On débat entre amis sur tel ou tel personnage ou situation. C'est toute la richesse et la complexité de cette série. L'auteur a su créer des personnages en proie à des changements profonds qui font débattre. On s'attache à un personnage, mais on commence à connaître la série, à tout moment, il peut mourir alors on prie pour que cela n'arrive pas.
5) Une série peut-elle avoir un réel impact psychologique sur les téléspectateurs ?
La réponse est évidemment oui. Une série, c'est une transmission récurrente d'émotions. Un peu comme le théâtre en fait. Lorsqu'on part de ce principe, il parait simple de comprendre qu'on peut être affecté émotionnellement. On éprouve joie, tristesse, colère, inquiétude même. On a vécu l'épisode, on a éprouvé plusieurs émotions différentes tout le long et quand il se termine, elles restent. On est encore sous le choc de la mort de notre personnage préféré et on ressent de la tristesse. Alors oui, il ne s'agit que de fiction, mais c'est une mise en scène, une réalisation et un jeu d'acteur très crédibles qui font que l'esprit ne perçoit que le fond, et pas la forme (ce qui est la tâche du cerveau). On s'en retrouve bouleversé.
Que pensez-vous de la série Game of Thrones ?
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