Gabourey Sidibe: «Je ne me laisse jamais intimider»

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08. novembre 2011, 22h04

Hollywood, Propos recueillis par Henry Arnaud | Le Matin

Révélée dans le bouleversant «Precious», la comédienne XXL revient dans une comédie. Rencontre avec une fille sans complexes et bourrée d’humour.

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© Keystone

Découverte aux Oscars dans le film dramatique «Precious», où elle incarnait une adolescente obèse, violée par son propre père, Gabourey Sidibe, étudiante en psychologie, 28 ans, désormais actrice, est bien décidée à s’imposer malgré un physique hors norme qu’elle assume parfaitement. Elle revient dans une comédie: «Le casse de Central Park» dans laquelle elle a une scène improvisée face à Eddie Murphy.

Comment décrire votre personnage dans ce film?
Un groupe de gars est décidé à commettre un cambriolage en volant de l’argent dans un coffre. Ils n’ont qu’un problème: aucun d’entre eux ne sait comment l’ouvrir. Ils vont faire appel à la seule personne de confiance qui puisse les aider: moi. Je suis Odessa, une femme de ménage dont le père était serrurier. L’idée de se venger contre l’investisseur qui lui a fait perdre toutes ses économies, une allusion à Madoff, va l’inciter à participer au casse.

Etes-vous devenue une experte en coffres forts?
Vous ne croyez pas si bien dire. ( Rires.) J’ai tenu à apprendre comment ouvrir un coffre sans clé! Sur le tournage, j’avais un spécialiste à mes côtés. J’étais drôlement fière de moi car il m’a suffi de 30 secondes pour arriver à mes fins. Ne me laissez pas seule dans la salle des coffres d’une banque suisse: je ferais un malheur ( Elle éclate de rire.) Insistez sur le fait que je plaisante: j’aurais trop peur de me faire arrêter à la frontière!

Cette scène où vous apprenez au personnage d’Eddie comment ouvrir un coffre est d’ailleurs l’une des plus drôles du film…
C’est la seule qui ait été improvisée à 100%. Le réalisateur est venu me chuchoter à l’oreille de flirter avec Eddie après la première prise. Cela l’a pris par surprise, mais Eddie est un tel pro de l’humour que nous avons tourné une dizaine de fois. Et il était de plus en plus dingue dans ses répliques. Quelques prises étaient même dégoûtantes. Elles ont été coupées au montage… Sinon le film aurait été interdit aux moins de 18 ans. ( Rires.)

Votre personnage est une fille forte qui n’est jamais victime des plaisanteries sur son physique. Est-ce votre choix?
La mère de ma meilleure amie est née en Jamaïque et elle ne se laisse jamais faire. Quelle que soit leur apparence physique, je n’ai jamais rencontré une seule femme native de cette île qui se laisse marcher sur les pieds. Elles sont intelligentes, débrouillardes et vous répondent du tac au tac. J’ai tenu à apporter cela dans le scénario. C’est ma façon de rendre hommage à la mère de ma copine.

Etes-vous comme votre personnage, une fille qui se défend quand on l’attaque?
Absolument. Je n’ai jamais eu de gros problèmes à l’école, mais il est arrivé que l’on m’attaque sur mon poids ou mon apparence. Je ne me suis jamais laissé intimider. Ma mère qui était prof m’a appris à m’imposer.

Comment jugez-vous votre image?
Une copine a essayé de me faire maigrir en me disant: «Chaque fois que tu manges quelque chose, dis-toi qu’un créateur de mode ne voudra jamais t’habiller pour une soirée ou une première.» Je lui ai prouvé le contraire. Je sais que je suis privilégiée, car je peux faire des choses que la société veut interdire aux filles et aux garçons qui me ressemblent. Quand je pose pour un grand photographe de mode, je pense aux gens qui me ressemblent, pour prouver que si je peux le faire, ils peuvent aussi.

Votre nomination aux Oscars a-t-elle eu un impact?
Elle a tout changé! Il y a une forme de respect dans la profession qui rejaillit sur vous lorsque vous êtes nominé. Réussir à Hollywood n’a jamais été un fantasme. J’ai pris des cours de théâtre dès mon enfance et j’ai suivi des études de psychologie. Je pensais d’ailleurs en faire ma profession.

Votre père parle le français mais pas vous. Pourquoi?
J’ai grandi à Harlem. Mes parents se sont séparés lorsque j’étais jeune. Papa est originaire du Sénégal et il a étudié en France avant de devenir chauffeur de taxi à New York. Mais je suis prête à faire des efforts et à étudier un scénario en français si un producteur a un rôle intéressant pour moi.

On vous a vu poser pour des photos sexy et provocantes. Aimez-vous le star-system?
Cela m’amuse de me prendre au jeu, mais je ne me vois pas du tout comme une star. Et d’ailleurs je pense toujours retourner en classe terminer mes études de psychologie que j’avais arrêtées pour jouer dans «Precious».

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