Crier dans le vide, menacer en pure perte, se sentir débordée et impuissante, Jane Nelsen sait ce que c’est. À l’époque où ses cinq enfants étaient petits, cette psychologue américaine n’en venait pas à bout. « Je n’arrivais ni à les coucher ni à les lever, je ne savais pas calmer les disputes, je leur demandais cent fois de ranger les jouets et, à la fin, c’est moi qui le faisais », raconte-t-elle. Jusqu’au jour où, étudiante en psychologie de l’enfant, elle découvre la psychologie sociale d’Alfred Adler et s’en inspire pour proposer une approche pédagogique, la discipline positive, qu’elle décline de façon concrète et pratique à la vie familiale. « À ma grande joie, les disputes ont diminué, les couchers et les levers ont commencé à se faire sans heurts, dans la coopération, poursuit-elle. Mes propres succès m’ont rendue si enthousiaste que j’ai eu envie d’en faire profiter les autres ! » Depuis trente ans, l’infatigable psychologue anime conférences et ateliers pour aider parents et enseignants à intégrer la discipline positive dans leur vie et a écrit un livre (La discipline positive, en famille et à l’école, comment éduquer avec fermeté et bienveillance, éditions du Toucan), vendu à plus d’un million d’exemplaires dans le monde. Mais qu’apporte donc la discipline positive, cette nouvelle méthode pédagogique pour déchaîner pareil enthousiasme ?
Discipline positive : fermeté et bienveillance
« La discipline positive a la force d’un rêve, celui d’éduquer dans la fermeté et la bienveillance sans avoir à choisir entre l’un et l’autre », assure Béatrice Sabaté, psychologue clinicienne, qui a ouvert les premiers ateliers pratique de discipline positive en France et signe l’adaptation française du livre de Jane Nelsen. C’est une approche éducative centrée sur la coopération, le vivre ensemble, le sentiment d’appartenance à une famille (ou à une école/une communauté). Elle permet aux parents d’exercer une autorité juste et constructive. Une autorité juste et constructive ? Nous, on achète ! Mais comment s’y prendre ? « Il y a plusieurs façons de s’adresser à un enfant, explique Béatrice Sabaté. L’attitude autoritaire consiste à dire : voilà les règles que tu dois suivre, et voilà la punition que tu recevras si tu ne les suis pas. Problème : l’enfant n’est absolument pas impliqué dans le processus de décision. Il subit, un point c’est tout. L’attitude permissive, elle, revient à affirmer : il n’y a pas de règles, nous allons nous aimer et être heureux et, plus tard, tu seras capable de choisir tes propres règles. Le hic, c’est que l’enfant a toutes les libertés mais pas de cadre. Et puis il y a l’attitude positive. Appliquer la discipline positive, c’est dire : nous allons décider ensemble des règles qui seront bénéfiques pour tous. Et si j’ai besoin de décider de certaines choses sans te consulter, je le ferai avec bienveillance et respect. »
Prêts à essayer ? Découvrez quelques cas pratiques avec notre spécialiste Béatrice Sabé, suivez le guide.