Une femme d'exception à découvrir à travers un parcours remarquable dans un champ d'intervention fort complexe. TC Media Hebdo Rive Nord a profité de la Semaine nationale de la déficience intellectuelle pour rencontrer Mme Morin afin qu'elle nous parle de sa carrière et de sa passion.
Dès son enfance, Diane Morin est confrontée à la réalité des enfants qui vivent avec un problème de déficience intellectuelle (DI), car sa cousine et son cousin souffrent de Trisomie 21.
« Au début, je disais simplement à ma cousine qu'elle ressemblait à son frère, avec certains traits physiques qu'elle avait. […]. Vers l'âge de sept ans, j'avais déjà une passion pour les livres et ma cousine m'a dit qu'elle n'avait pas de livres, ce qui m'a amené à un questionnement. C'est alors que mes parents m'ont expliqué la différence. Je ne sais pas pourquoi, mais je pense que cela a orienté mon choix de carrière », raconte-t-elle.
Mme Morin poursuit son cheminement dans le domaine de la psychologie jusqu'au doctorat, et ses thèses sont rédigées dans le champ d'intervention de la déficience intellectuelle. Pendant ses années d'études, elle rédige des ouvrages qui auront des répercussions marquantes dans ce milieu et cette sphère d'intervention.
En 1999, en collaboration avec un collègue, Yvon Labbé, elle écrit un ouvrage sur les comportements agressifs des personnes ayant un problème de DI et surtout pour en comprendre les causes. Cet ouvrage réédité se veut encore aujourd'hui un outil culte dans ce domaine.
Par la suite, elle travaillera durant près de 15 ans dans la pratique privée avec une clientèle large, mais souvent reliée au monde de la déficience intellectuelle. Il y a quelques années, elle a fait le saut dans le domaine de l'enseignement où elle occupe un poste à temps plein comme professeur et chercheur, un domaine qui la passionne. « C'est très stimulant d'œuvrer avec des jeunes qui sont allumés. Leur désir d'apprendre nous pousse tous les jours au dépassement et à poursuivre les travaux de recherche », mentionne Diane Morin.
Un prix pour la déficience intellectuelle
Au début du mois de décembre, Diane Morin est contactée par le bureau du gouverneur général pour lui annoncer qu’elle méritait le prix de l'Ordre du Canada. Au début, elle était perplexe quant à cet honneur.
« Quand la dame m’a contacté, sa première question était de savoir si j’acceptais. Bien sûr que j’ai accepté. Je me suis vite aperçue que le processus était rigoureux et je ne sais pas qui a soumis ma candidature, c'est secret[…]. Par contre, j'ai dû garder le secret pour mon entourage au bureau. Seulement mon mari était au courant et les enfants l’ont su après l’annonce officielle le 26 décembre », explique-t-elle.
Un honneur qu'elle savoure encore aujourd'hui pleinement. « Depuis ce temps, j’ai reçu beaucoup de témoignages de collègues, de la municipalité et autres. Je commence à réaliser et j’en suis fière. En fait, c’est un prix pour moi, mais je le reçois avant toute chose pour le milieu de la déficience intellectuelle. Si ça peut aider le milieu et aider à améliorer le sort des gens, briser les tabous et l’isolement, je serais contente », ajoute Mme Morin.
Elle signale aussi que même si les gens au Québec ont moins de tabous en ce qui a trait à la déficience intellectuelle, il n'en demeure pas moins qu’il y a des parents à secouer. « Je crois que l’on a tendance à être trop paternaliste avec les gens qui souffrent de DI. On parle aussi aux adultes comme si c'était des enfants et, surtout, on a tendance au tutoiement trop facilement. […] Moi, quand je rencontre une personne pour la première fois, je la vouvoie. Il faut faire la même chose avec les gens qui ont des troubles de DI. »
Lors de son passage à l’hôtel de ville de Charlemagne elle a lancé un appel à la municipalité pour que celle-ci devienne le porte-étendard de la DI. Elle ajoute que des gestes simples, soit une embauche au niveau du sport ou bien de mettre sur pied des conférences serait un grand pas pour la cause.
Son appel ne restera pas longtemps sans réponse, et pendant ce temps, elle poursuivra sa croisade pour cette cause qui lui tient à cœur.
Des distinctions méritées
Outre cette illustre récompense, (Ordre du Canada) qui est l’une des plus prestigieuses au pays, les travaux et l’engagement de Mme Diane Morin ont été soulignés de la part de plusieurs organismes par la remise de nombreux prix et distinctions tels que :
Mention honorifique décernée par l’Institut québécois de la déficience intellectuelle pour honorer l’ensemble de la carrière d’un chercheur ou d’une chercheuse et souligner l’importance de sa contribution;
Reconnaissance de l’American Association on Intellectual and Developmental Disabilities pour contribution exceptionnelle au domaine de la déficience intellectuelle en 2011;
Presidential Award de l’AAIDD for research and international leadership en 2007;
Prix Équinoxe Argent de la Société québécoise des professionnels en relations publiques en 2007;
Prix au mérite pour le «Sommet international pour une alliance en faveur de l’inclusion sociale» de la Société canadienne des Relations publiques en 2007;
Prix d’excellence Lily Butters offert par la Fondation Butters en collaboration avec l’Institut des Érables en 1992;
Bourse du programme d’aide financière aux chercheurs et aux créatrices, de l’Université du Québec à Montréal, 1989.