Il a marqué toute une génération post-mai 68, le psychologue et anthropologue Serge Moscovici est mort ce week-end.

Spécialiste de psychologie sociale, anthropologue mais aussi théoricien de l'écologie, Serge Moscovici, né d'une famille de juifs roumains et mort ce week-end à 89 ans, a eu un parcours singulier et a marqué toute une génération issue de mai 68.

Psychosociologue de renommée internationale, il a fondé le Laboratoire européen de psychologie sociale à la Maison des sciences de l'homme et a dirigé l'Ecole des Hautes études en sciences sociales. Et dès les années 60, il a été un pionnier de l'écologie politique en France.

Né le 14 juin 1925 dans une famille juive de Bessarabie, il avait raconté dans Chronique des années égarées, la terrible épopée de son adolescence dans la Roumanie antisémite de 1938 et comment il s'y était senti "volé de (sa) propre existence". 

Par miracle, il avait échapé au pogrom de Bucarest en 1941. "Ce que j'ai vu, écrira-t-il plus tard, a brouillé pour toujours la vision que j'avais des hommes". "Tout mon effort a consisté à mener ma propre existence, à avoir une personnalité".

Un monstre sacré

Contraint au travail forcé pendant toute la guerre en raison des lois raciales, il devient membre du parti communiste clandestin, apprend le français et décide de "devenir un homme d'études". En 1948, il vient à Paris.

En matière de psychologie sociale, il fait figure de monstre sacré dans l'intelligentsia avec des ouvrages comme Psychologie des minorités actives, mais aussi L'Age des foules.

Au lendemain du 21 avril 2002 qui avait vu Jean-Marie Le Pen, président du FN, au second tour de la présidentielle, Serge Moscovici, très affecté, s'était dit "frappé par l'externalisation du racisme". "Ce résultat procède également d'une constante dévaluation du monde politique", estimait-il.

Serge Moscovici, père de l'ancien ministre socialiste Pierre Moscovici, restait persuadé qu'au-delà de la politique immédiate, "la question naturelle dominera le XXIe siècle".