De rêveur à visionnaire

Les débats sont nombreux, dans le monde du hockey, pour mettre un frein au nombre grandissant de commotions cérébrales. Un débat que le docteur en psychologie du sport, Dany Bernard, avait déjà lancé il y a plus de 15 ans.
Photo Jean-François Desgagnés

Le docteur en psychologie sportive Dany Bernard est découragé de constater l'explosion du nombre de commotions cérébrales au hockey. Cet ex-membre de l'organisation des Nordiques de Québec n'en est toutefois pas étonné, lui qui implorait déjà des réformes urgentes il y a 15 ans.

Enrayer les bagarres et déloger la mise en échec du cœur de la culture du hockey en Amérique du Nord, au détriment des habileté techniques, figuraient en tête de liste de ses réformes du « plus beau sport au monde », rappelle-t-il. Un sport qui ne protège toutefois pas ses pratiquants, selon lui.

Connu dans la région pour avoir dirigé durant 11 ans le programme Sport-études hockey à Cardinal-Roy, avant de fonder le programme « Prep School » à l'Académie Saint-Louis, le Dr Bernard a œuvré durant près de trente ans dans le hockey mineur.

Il a aussi été en charge de développer le système de données statistiques durant huit ans avec les Nordiques de Québec. Il n'a jamais accepté de joindre une équipe de la Ligue de hockey junior majeur du Québec. « La philosophie ne me rejoignait pas », se limite-t-il à dire, faisant entre autres référence à la tolérance des bagarres.

Ayant complètement délaissé le monde du hockey depuis plus d'un an, il indique que sa décision n'a pas de lien direct avec le fait qu'il ait pu être considéré comme un « pelleteux de nuage » à l'époque. Il avoue toutefois qu'il serait peut-être toujours impliqué si ses propositions avaient pu faire mieux avancer les choses dans le hockey.

Pour le spectacle

À son sens, une forte pression sociale doit être exercée pour changer la sous-culture du hockey. « On ne s'attaque jamais à la véritable cause, on s'attaque toujours aux effets. Il faut définir si l'être humain est au centre de nos préoccupations. S'il est un objet et l'important, c'est le spectacle, bien on n'a juste à rien changer (...) et l'influence de la LNH continue de se faire ressentir jusqu'au hockey mineur. »

Le Dr Bernard croit qu'un véritable débat s'impose. Un débat où « l'on doit sortir de l'émotivité », ajoute-t-il. « On a un produit exceptionnel, mais on doit trouver des solution à long terme pour protéger nos jeunes, sinon, c'est le jour de la marmotte. Moi je ne comprends pas qu'on puisse mettre nos enfants dans des conditions que même les adultes n'acceptent pas. Pourquoi il n'y a pas de mise en échec dans les ligues de garage? Parce que le gars va dire qu'il travaille! Mais les enfants, en plein développement physique, on les laisse se frapper. »

Questionné à savoir s'il craint d'être encore considéré comme un extrémiste en proposant de telles mesures, le Dr Bernard se dit en paix avec lui-même. « Nous avons un devoir social de protéger nos enfants et si je passe pour un innocent pour vouloir protéger les enfants, je vais être bien content. »

Les recommandations du Dr Dany Bernard

Élimination des bagarres

On veut enrayer les commotions cérébrales et l'objectif premier d'une bagarre, c'est d'infliger une commotion cérébrale à ton adversaire. Ça fait sport de ghetto(...) Aux Olympiques, est-ce qu'on dit que le hockey est plate? (...) Ça me renverse d'autant plus parce que la connaissance du cerveau n'est pas une frontière que la science a franchie. On envoie des sondes au fin fond de l'univers et on permet à deux gars de se taper sur la tête sans connaître les conséquences.

Mise en échec permise dans le même sens

Je permettrais uniquement les mises en échec impliquant des joueurs qui patinent dans la même direction. On empêcherait ainsi toutes les niaiseries de collisions au centre de la glace. D'autant plus que des études ont prouvé que le casque n'avait plus aucune utilité pour les mises en échec au centre de la glace (...) La LNH devrait aussi interdire de façon draconienne toute mise en échec d'un joueur en position de vulnérabilité, même si ce n'est pas un coup à la tête.

Patinoire olympique

Depuis les années 20, on n'a jamais changé la grandeur de la surface de jeu. Les gars sont plus vite et plus gros. Ce n'est pas compliqué, il n'y en a plus d'espace dans la LNH.

Interdire le dégagement en avantage numérique

C'est le règlement le plus imbécile dans le hockey. Ce serait très bon pour le spectacle et ce serait une bonne mesure coercitive pour réduire le nombre de pénalités. L'efficacité d'un avantage numérique, c'est 20 %, ce n'est pas si grave d'être puni. Là, le message, ce serait que si tu es puni, ça peut coûter cher.

Appeler plus tôt les dégagements refusés

Appliquer une règle du hockey universitaire américain où l'arbitre appelle le dégagement automatiquement si le premier à se rendre vers la rondelle est le défenseur de l'équipe dans sa zone défensive, lorsqu'il arrive à la hauteur des cercles. S'il s'agit d'un attaquant de l'équipe adverse, le jeu continue.

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