L’auteur de Air du mouton et Pré ou Carré dresse le portrait désenchanté d’un trader parisien. Rien de nouveau sous le soleil idolâtre de l’argent facile et pourtant sphinx insensible de La salle fascine.
Note de la rédaction :
Milieu petit bourgeois, études solides mais banale, le héros a grimpé les échelons comme Trader chez KBK à grand renfort d’audaces, notamment avec un argent qui n’est pas le sien. Fasciné par l’argent pour l’argent, il a bien du mal à profiter de son appartement luxueux de l’Île Saint-Louis. Surtout, il ne quitte jamais plus de 48h « La salle » (de marché) qui l’obsède. Si dans les soirées son humour et son cynisme l’aident à briller, s’il a conservé un bon camarade d’études et de travail, le désenchantement de ce monstre froid qu’est le héros l’a isolé. Et de sa famille et de sa seule relation sérieuse : Nathalie. On le surprend au pic de son indifférence à tout ce qui n’est pas ses paris très risqué sur le yen et qui lui font rater sans surprise un amour possible avec l’attirante Camille.
Les traders froids et les antihéros de Wall Street, on les connaît bien depuis Bret Easton Ellis et James McInerney. Pire, on pensait que la crise des subprimes les avait définitivement disqualifiés comme sujets littéraires. Et pourtant, dans un décor parisien et continental, ce trader à l’humanité anesthésié réussit presque à nous faire à la fois peur et pitié. L’écriture chiadée de Jeël Bacqué permet de pactiser avec un petit diable matérialiste et gangrené. Effrayant !
Joël Bacqué, La salle, POL, 250 p., 16 euros. Sortie février 2015.
Visuel : couverture du livre
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