J'étais trop jeune, je ne pouvais pas imaginer démarrer au plus haut niveau. David Belin, chercheur INSERM, refuse il y a cinq ans – il avait 28 ans – la direction du département de psychologie expérimentale de Cambridge, alors piloté par Barry Everitt. Ce dernier est le deuxième non Américain à avoir obtenu l'« American psychiatric association », l'équivalent du prix Nobel en psychologie – prix qui n'existe pas.
C'est cet homme-là, qui aurait proposé sa succession au jeune chercheur.
Cinq ans plus tard, est né (en février dernier) le laboratoire européen associé (LEA), résultat d'une convention entre le PDG de l'INSERM, le président de l'université de Poitiers et le président de l'université de Cambridge. (*) Cette nouvelle unité est en fait co-dirigée par David Belin, 33 ans et Barry Everitt. « C'est à notre initiative que nous avons proposé de créer ce laboratoire, précise David Belin, nous avons donc transféré le labo de Cambridge, qui est le plus gros labo de psychologie expérimentale au monde, en terme de qualité et de publication d'articles, à Poitiers. »
Cette unité planche sur l'addiction et particulièrement sur la transmission de la pulsion à l'action sans que la personne ait conscience de ce qu'il se passe. Les équipes de recherches vont essayer de démontrer les spécificités du cerveau pour expliquer que certains sujets peuvent prendre trois verres d'alcool et déboucher sur un alcoolisme sévère alors que d'autres boivent de l'alcool de façon récréative pendant des décennies sans devenir alcoolique. Pour résumer : trouver les marqueurs entre les individus qui développent une addiction et d'autres pas.
Pour cela le LEA a obtenu de l'agence nationale de recherche (ANR) une enveloppe de 569.000 € auxquels il faut ajouter un budget de 850.000 € (pour 18 mois) qui a trait à la plateforme de psychologie expérimentale.
Cambridge n'est cependant pas vidé de toute sa substance : cinq personnes continuent à œuvrer à Cambridge et toutes les six semaines, les chercheurs passent une semaine en France ou en Angleterre.
(*) Le point commun entre l'INSERM et l'université de Poitiers, c'est l'équipe qui est constitutive du LNEC.