2012 c'est l'année de la « fin du monde ». En tout cas c'est le sujet du long métrage américain « 2012 ». Et en début de cette année de « fin du monde », Bi Shumin sort son roman « Hua Guan Bin Du», le virus de la corolle, un recueil qui zoome sur la psychose ambiante.
En le lisant, on se rend compte qu'en tant qu'écrivain et psychologue, Bi Shumin, cherche à trouver les moyens permettant à la société actuelle de faire face à cette crise de confiance. Elle nous apprend à canaliser notre énergie pour affronter à cette « Fin du monde ».
En lisant ses livres, on dirait que Bi Shumin a un faible pour le métier de médecin. Le médecin est le héros de plusieurs de ses oeuvres : telles que « Hong Chu Fang», l'ordonnance rouge, « Xue Lin Long», sang ombilical ou « Zheng Jiu Ru Fang», sauvegarder les seins et « Niu Xing Li Shi», la psychologue.
Elle sait associer l'humanité du médecin au sens esthétique de l'écrivain. En écrivant, elle parvient à nous dispenser de bons conseils tant pour sauvegarder notre vie que pour consolider notre esprit qui est parfois vulnérable. Pour sa nouvelle sortie, Bi Shumin a livré ses motivations au micro de RCI : « Avant de l'écrire, j'étais médecin pendant une vingtaine d'années. Car, je suis attachée à la vie humaine, à la situation dans lesquelles vivent les êtres humains. En 2003, on a vu sévir l'épidémie du SRAS. Moi-même, j'ai pris part à la lutte contre cette épidémie. L'expérience ainsi acquise m'a été très utile, lorsque je me suis mise à écrire ce livre. Je crois que le virus est un être ancien, très ancien. Quant à l'humanité, elle est faite des êtres supérieurs. Cependant, l'humanité et le virus se voient obligé d'entreprendre ce genre de lutte, de duel incessant. C'est ainsi qu'un être supérieur est mis sous la menace d'un être inférieur. Alors, sur notre planète, qu'est - ce qu'on se doit de faire pour qu'on puisse être en harmonie, en paix avec tous les êtres, qu'est ce qu'on se doit de faire pour faire de notre planète un système encore plus harmonieux, c'est la question sur laquelle je me penche. C'est la raison pour laquelle j'ai écrit ce livre. »
Affronter la catastrophe psychologique que l'humanité pourrait rencontrer dans le monde futur et chercher à trouver les moyens permettant de faire face aux défis lancés par cette crise constitue l'idée directrice de la nouvelle sortie de Bi Shumin, « Hua Guan Bin Du », le virus de la corolle.
Basée sur les principes de l'attachement à la vie et du respect de la vie, Bi Shumin espère qu'en tant qu'écrivain qu'elle pourra s'approcher de l'essentiel à travers de ses créations. Et elle essaye de percer ses mystères: « Quand j'ai écrit 'Hong Chu Fang', je ne m'attachais qu'à la vie humaine et maintenant, je m'attache à toutes les vies qui sont sur la terre. Je crois que cette terre qui n'appartient pas qu'à l'homme, est le berceau de toutes les vies et elle est notre dernier refuge. »
En évoquant les années 1998 et 2002, Bi Shumin nous confie que ce fut tout à fait par hasard, elle a appris que Lam Mengping, éminente femme professeur en psychologie de l'Université de chinois de Hongkong s'est rendue à Beijing pour donner des conférences sur la psychologie à l'Université Normale de Beijing. Bi Shumin était une grande passionnée de la psychologie humaine. Alors, poussée par la visite de la psychologue honkongaise, elle alla jusqu'à suspendre son écriture et se mit à la psychologie entre 1998 et 2002, et elle entreprit un doctorat.
En 2002, au terme de son cursus en psychologie, de concert avec ses amis, elle a monté une clinique psychologique. Médecin au bureau pendant 3 ans, au cours desquels, elle reçut d'innombrables visiteurs. Quand elle a débuté dans ce métier, elle n'a pas pensé tout de suite qu'elle pourrait un jour écrire quelque chose sur ce sujet. Après avoir répondu aux appels de détresse lancés par des dizaines, des centaines de personnes, notre psychologue a pourtant failli s'effondrer: « Un couple m'a confié qu'alors qu'ils avaient décidé de divorcer, ils voulaient tout de même essayer une dernière fois de sauver leur mariage. Alors, ils se sont donnés rendez – vous : il ont décidé de se rendre à la clinique de Bi Shumin pour voir ce qu'elle pourrait faire pour sauver leur mariage. L'inscription a été faite au printemps, et jusqu'à la fin de l'automne, ils étaient toujours sur la liste d'attente. Ce faisant, le seul échange entre le couple en cours de divorce, en ouvrant les yeux tous les matins, était de se demander si ce serait leur tour aujourd'hui. Après les avoir entendus parlé de tout cela, j'avais le cœur lourd. Je n'avais pas le don d'ubiquité. Je ne pouvais pas non plus monter une chaîne de production ou encore une chaîne de clinique, toute seule. Qu'est ce que je pouvais faire pour mes patients ? »
C'est ainsi qu'en 2004, Bi Shumin a abandonné de nouveau son métier de médecin et a repris sa plume pour écrire son roman « la psychologue » : « Après avoir réfléchi, je me suis dit que je devais faire demi-tour, et reprendre l'écriture. Je devais coucher sur le papier ce que je pensais. Après avoir quitté ma plume ou mon ordinateur, les livres vivent leur propre vie. En traversant mille fleuves et montagnes, il parviennent dans les mains de je ne sais combien de personnes nécessiteuses. »
De nos jours, à force de travailler, d'être occupé par les affaires, beaucoup de gens sont désorientés et perdent leur idéal. Ils vivent au jour le jour et n'aspirent plus à aucune forme de bonheur. Car, certains vont jusqu'à dire que la Chine est le pays qui éprouve le plus de besoin en terme de psychologues de par le monde. En tant que femme écrivain et psychologue, tout ce que Bi Shumin fait est d'aider les gens à trouver leur foyer moral : «Tout d'abord, je crois que s'ils viennent me voir, voir une psychologue c'est parce qu'ils ont envie de changer. C'est un cœur malheureux qui nous demande secours, ce qui prouve en plus qu'il a le courage de faire face à sa vie. Je ne les ai jamais considérés comme des ordures. Ensuite, tout un chacun peut avoir un moment de détresse le long de sa vie. Parvenir à croire à l'amitié humaine, à la psychologie, à la possibilité de changer soi même, je crois que c'est quelque chose de très important, de très précieux. Donc, durant ces quelques années passées, j'ai beaucoup discuté et parlé avec mes visiteurs. Je crois qu'ils m'ont aidé à connaître davantage de choses, l'envergure des malheurs et des malheureux. Malgré tout, ils font toujours preuve d'humanité.»
Elle sort son recueil d'essais « Paradis bleu», au terme de son voyage autour du monde. Le choix du titre est une référence explicite à son moyen de locomotion : un navire postal. Comme le voyage a duré 114 jours, elle a eu tout son temps pour réfléchir sur la vie, le destin et le bonheur. Et le livre qui est ainsi écrit est arrosé d'un parfum particulier, léger et pénétrant. En évoquant le tour du monde qu'elle a fait avec son fils, Bi Shumin se confie au micro de RCI : « Je suis partie avec mon fils. A l'issu de ce voyage, je suis tout à fait persuadée qu'on n'est pas de la même génération, et qu'on est différent. Par exemple, en passant par la mer des Caraïbes, je trouve l'eau de la mer belle, douce comme la soie. Quant à mon fils, il vient me dire : qu'est ce que tu en penses, si l'on rencontre des pirates ou la tempête? Je suis très étonnée par cette question et je me demande d'où lui viennent ces idées ! D'autant plus qu'il me dit s'il n'y a pas de pirates, il n'y aura pas d'histoire. Moi, personnellement, j'espère tant que tout se passe bien, que la mer soit calme et qu'on ne rencontre pas des pirates. Je crois que tous ceux qui sont normaux penseront comme moi. Je dis à mon fils que si tu ne me crois pas tu iras demander à un marin qui est à côté. Il va lui poser la question. Après l'avoir entendu parlé, le marin lui répond en ces termes, ' tu es fou, tu aime la tempête et les pirates' ? »
Et Bi Shumin de souligner que les jeunes doivent avoir de l'imagination. Mais, les propos de son fils dépassent largement son imagination. C'est bel et bien ce genre de discution, franche et honnête lui permet de toucher l'âme des jeunes, de les comprendre. Ce qui prouve en plus que Bi Shumin s'entend très bien avec son fils, de même qu'avec son mari, du fait que ce dernier lui accorde plus de liberté : « C'est une personne avare de paroles. Nos opinions divergent sur beaucoup de problèmes. L'avantage est que chacun parle de son côté. Si l'on parvient à les converger, on converge, sinon, on fait un compromis, de toute façon, c'est toujours moi qui cède ».
En ce qui concerne l'objectif qu'on se fixe pour mieux vivre, on écoute une dernière fois Bi Shumin, femme écrivain chinoise : « Je crois que l'homme est un ensemble. Tout un chacun est à la fois un être physiologique et psychologique. Notre psychologie s'établit dans notre cœur. Je crois que nous les Chinois, jadis, on accordait une importance particulière à nos besoins physiologiques. On veut toujours savoir si l'on est bien nourri, on est bien habillé. Si l'on a un logement ou encore une voiture. Mais une fois que nos conditions de vie sont améliorées, qu'on accomplit la transition de l'étape de première nécessités à l'aisance, on se rend compte que dans la plupart des cas, notre bonheur n'est pas survenu de ces choses matérielles, mais de notre cœur, de notre moral. Il vient du développement de la force créative de tout un chacun et de sa satisfaction. Il m'est impératif d'appeler les gens à ne pas se contenter de la jouissance matérielle. Pour chacun d'entre nous, ce qui est dans notre cœur est notre âme. C'est ce dernier qui aspire au beau, au soleil et à ce qui est doux. C'est ça qui rend notre vie plus heureuse, plus gaie. »