L'apport incontestable d'Edward Louis Bernays (1891-1995) aux relations publiques tient d'abord à l'intérêt qu'il a porté aux travaux de psychanalyse de son oncle, le médecin neurologue Sigmund Freud, et des psychologues Gustave Le Bon et Wilfrid Trotter.
La combinaison qu'il fait de leurs travaux respectifs amène Bernays à conclure que le subconscient, c'est-à-dire l'état psychique dont on n'a pas conscience mais qui influe sur le comportement, et qui est le siège de toutes les pulsions de l'homme, peut être manipulé pour conduire une foule à adopter certains comportements, tout en lui faisant croire qu'elle agit librement.
[...] Ce fut donc la première incursion de la psychanalyse dans le champ des relations publiques, sous la forme d’une propagande noire, puisque sous son apparence amicale elle avait en réalité des intentions manipulatrices. Par opposition, la propagande blanche énonce clairement son origine et cherche davantage un consentement de la part de sa cible. Dans les années qui suivirent, les fonds de l’American Tobbaco furent alloués à la création de comités ou d’articles de magazines médicaux mandatés à promouvoir la cigarette comme un outil de minceur. [...]
[...] Mais l’influence du subconscient reste un outil utilisé par ceux qui choisissent d’ignorer le rôle social indispensable des relations publiques. Cet usage, en effet, réduit l’individu à un adorateur d’images enclin à des actes impulsifs, ou imposés du dehors et prisonnier d’une logique de réflexe pavlovien. Paradoxalement, le citoyen américain est dépeint dans les médias (films, journaux) comme un individu intelligent et plein d’esprit, réfléchi dans ses choix. Facette perverse et sans doute volontaire de cette élite dirigeante que décrit Bernays, qui tout en dominant l’individu cherche à le convaincre qu’il est un élément de progrès du XXIe siècle. [...]
[...] Pour le philosophe des Lumières, le redoutable stratège, archétype de l’homme cynique et calculateur, était en fait un grand républicain, mésestimé par ses contemporains et qui, En feignant de donner des leçons aux Rois, en a donné de grandes aux peuples Au postulat de Marcel Bleustein-Blanchet, pour qui le citoyen a toujours le dernier mot, puisqu’il est toujours libre de rejeter ce qu’on lui présente (préface de la Persuasion clandestine, 1958), peut-on approcher l’idée que Bernays aurait à sa manière éduqué le peuple, et que sa propre méthode du consentement, vue sous l’angle d’un processus d’influence à double sens entre les décideurs et les foules, pourrait s’approcher de la méthode du consensus défendue par Ivy Lee ? Bibliographie Bernays, Edward : Propaganda, Lux éditeur 130p. Bougnoux, Daniel : La communication d’inconscient à inconscient. Communication et organisation. N En ligne. http://communicationorganisation.revues.org/2004. Consulté le 20 septembre 2013. [...]
[...] Les relations publiques accordent désormais une large part à la manipulation du subconscient Avant l’arrivée de la psychanalyse dans le champ des relations publiques, Ainsi influencée par cette nouvelle figure des relations publiques. Les vendeurs de produits ou d’images usaient de campagnes faites à base de la méthode comptage à bout de nez méthode qui consistait à adapter les publicités en fonction de sondages d’opinion dont les résultats étaient souvent en contradiction avec les actes finaux des acheteurs. En effet, les spécialistes de la persuasion concluaient que les réponses fournies par les clients potentiels visaient à donner l’impression qu’ils étaient des clients avisés, intelligents et rationnels, au lieu de dévoiler leurs sentiments véritables. [...]
[...] En ligne : http://communication.revues.org/4013. Consulté le 28 septembre 2013. Tchakotine, Serge : Le viol des foules par la propagande politique. Gallimard.1939. [...]