En Belgique, alors que l’euthanasie d’une vieille dame pour dépression a fait scandale (cf. Gènéthique du 28 octobre 2015), soixante-cinq psychologues, psychiatres et professeurs d’université ont publié mardi 8 décembre dans le journal De Morgen une carte blanche dans laquelle ils dénoncent la banalisation de l’euthanasie pour souffrances psychiques. S’ils ne s’opposent pas à l’euthanasie, ils déclarent cependant qu’elle n’est pas la réponse appropriée aux cas de détresse psychologique. Ils estiment qu’il faut faire la différence entre « maladie somatique, maladie du corps et maladie psychique, maladie de l’esprit ».
Aujourd’hui, les euthanasies en raison de souffrances psychiques insupportables représentent entre 2% et 3% des 2000 euthanasies pratiquées chaque année en Belgique, soit près d’une par jour.
Pour Ariane Bazan, chargée de cours à l’Université Libre de Bruxelles à la Faculté de Psychologie, c’est tout le travail du psychiatre qui est remis en question avec l’euthanasie pour souffrances psychiques incurables. Elle pose la question de l’engagement vis-à-vis de patients qui savent qu’il existe une alternative, celle de l’euthanasie. Elle se prononce « pour un changement de la loi, pour que la loi rende impossible cette lecture qui fait que l’euthanasie est appliquée en ce moment dans certains cas pour seules maladies psychiques ».